La (très) bonne surprise de la soirée a été la direction de Michele Mariotti, qui, aux antipodes des horreurs commises régulièrement à Paris par E Pido, restaure une vraie ligne bellinienne, respecte le plateau et travaille en délicatesse les enchaînements. On y perd un peu en virilité dans les grands ensembles martiaux mais franchement quel beau travail. Autre bonne surprise, la mise en scène de Laurent Pelly et les décors de Chantal Thomas. Treillage de ferronnerie épurée, éclairages soignés, véritable direction d'acteurs (et des mouvements des chœurs), l'ensemble est esthétiquement très réussi. Sur scène, bien sur, on attend le quatuor de légende... Et au premier rang le ténor qui a la lourde charge du rôle d'Arturo (ses contre ut, contre ré et le fameux contre fa écrit....) ; et Dmitry Korchak s'en sort très bien. Certes, la fatigue se fait sentir et certains aigus sont un peu tirés voire criés mais quelle vaillance ! Il reste en voix de poitrine, sans tricher, alors que l'époque d'écriture lui aurait permis sans insulter Bellini de passer en registre de tête.... Et le legato est là, et dans l'élégie, il est franchement bouleversant.... Je suis plus sceptique sur le cas de Maria Agresta. La voix est d'une rondeur incomparable mais les vocalises sont souvent approximatives, le suraigu prend des couleurs acidulées que je n'apprécie pas beaucoup et surtout, surtout, la caractérisation dramatique du personnage est plus que faible.... On est loin de la folie délirante d'une Olga Peretyatko, l'an dernier au TCE.... Michele Pertusi semble étrangement peu concerné par son Giorgio. La voix a conservé toute son élégance bellinienne mais la puissance fait défaut. En revanche, le Riccardo de Mariusz Kwiecien est à l'exact opposé : tout en puissance, en vaillance, en engagement, mais avec des rugosités, des raucités assez peu belcantistes.
Les Puritains (Bellini) à Bastille - 9 déc 2013
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