De cette soirée, nous oublierons la scénographie. Un décor d'une pauvreté et d'une laideur insignes, totalement dépourvu d'imagination, une lumière glaciale et sans effet ou presque et des costumes tout droit sortis d'une fête d'école maternelle. Ajoutons à cela, de ridicule gesticulations des chœurs et une absence de direction d'acteurs (ah ce pauvre Pollione faisant de grands gestes avec ses roses....) et tout est dit de cette pitoyable et décevante "mise en scène" de Stephane Braunschweig.
Nous ne retiendrons guère non plus le tonitruant Pollione de Marco Berti qui semble incapable de maîtriser sa puissance vocale ni d'ailleurs d'incarner les sentiments du proconsul autrement que par des effets hors de propos et dignes d'une scène italienne des années 50. Si on ajoute quelques flagrants décalages avec l'orchestre, on est loin du niveau attendu....
Marc Larcher (Flavius) et Sophie van de Woestyne tiennent en revanche très honorablement leurs (courtes) parties. L'Orovese de Riccardo Zanellato est une très belle basse, solide, qui tire le meilleur du rôle très convenu du noble père.....
De la fosse, nous parvient la lecture attentive, équilibrée et maîtrisée de Riccardo Frizza qui sait conduire l'orchestre de chambre de Paris et les chœurs de Radio France dans les méandres d'une partition complexe, héritière du bel canto mais qui annonce déjà le grand opéra romantique. Et le spectateur entend alors se dérouler une vaste fresque, parfaitement construite, qui expose la double vie déchirée de Norma et nous conduit inexorablement au dénouement.
Au-delà, la vraie réussite de cette soirée repose sur les deux héroïnes féminines : l'Adalgise de Sonia Ganassi et la Norma de Maria Agresta. La mezzo Ganassi, qui m'avait si heureusement surpris dans Le Cid (http://operaphile.over-blog.com/2015/04/9-avril-2015-le-cid-massenet-a-l-opera-garnier.html), confirme ici un immense talent. Parfaite maîtrise de la ligne bellinienne, grande capacité à nuancer et une aptitude à occuper l'espace sonore qui atteignent des sommets dans son seul solo et dans le sublime duo avec Norma.
Maria Agresta est la plus grande Norma qu'il m'ait été donné d'entendre. Elle assume la totalité de ce rôle si exigeant, peut être l'un des plus terribles du répertoire, à tous les niveaux. Total engagement dans l'incarnation de cette femme déchirée, longueur de souffle stupéfiante, graves sonores et superbement timbrés, aigus superbes et lumineux, pianis parfaitement maîtrisés, élégance du phrasé, bref tout y est. Et au terme de ce qui est une performance vocale et physique tant le registre exigé est etendu et tant la présence sur scène est quasi permanente, elle s'offre la coquetterie de sembler à peine fatiguée...
14 décembre 2015 - Norma (Bellini) au TCE
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