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Operaphile

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Comptes rendus de spectacles lyriques... entre autres choses....


14 décembre 2018 - L’Enfance du Christ (Berlioz) au Théâtre des Champs Elysées.

Publié par Jean Luc sur 15 Décembre 2018, 17:02pm

Catégories : #Oratorio, #Opera version concert

C’est au départ une simple blague. S’ennuyant lors d’une soirée, Berlioz compose un Adieu des bergers à la Sainte Famille, qu’il attribue, par simple jeu avec son ami Joseph-Louis Duc, à un imaginaire Pierre Ducré, maître de musique à la Ste Chapelle en 1679. Après une première interprétation publique en 1850, l’œuvre sera complétée progressivement : au choeur initial s’ajoute d’abord l’ouverture et le Repos de la Ste famille, pour créer La Fuite en Égypte (1853) ; puis ce sera L’arrivée à Saïs ; et enfin le Songe d’Herode. L’accueil du public de la création sera en 1854 suffisamment chaleureux et enthousiaste pour que Berlioz renoue avec les premières parisiennes et se lance dans la composition des Troyens.

 

L'Enfance du Christ est fort peu jouée, peut être à raison des effets de pastiche que recèle l’œuvre ou à raison du texte, pseudo liturgique, très naïf et « en style ancien »...

 

La partition est assez déroutante : tantôt on y reconnaît son Berlioz et tantôt on l’y cherche en vain. L’inspiration est assez inégale et d’indubitables longueurs se déploient. Mais on retrouve aussi de très nombreuses pages d’une forte inspiration et/ou d’une incroyable puissance. Dans le songe d’Herode, qui ouvre la Trilogie, on est frappé par le délire assassin d’Herode mais aussi par la scène des devins, accompagnés par les vents alors que les esprits seront illustrés par les altos, violoncelles et contrebasses. Dans les deux parties suivantes, on retient la scène du Repos de la Sainte-Famille, le Choeur des anges (interprété par la formation féminine depuis les coulisses), le trio des jeunes ismaélites (flûtes et harpe), et, les deux grands chœurs ppp qui se succèdent pour clôturer l’œuvre dont le très mystique Amen final

 

Le quatuor vocal de solistes est bien adapté à l’œuvre et tous quatre font montre d’une exceptionnelle diction. Toutefois, il faut bien relever que le sonore récitant de Bernard Richter connaît de réels problèmes de justesse dans l’aigü et reste assez peu émouvant et que le Joseph de Erwin Crossley-Mercer possède un très beau timbre mais manque un peu de projection, déséquilibrant les duos avec Marie. Stephanie d’Oustrac et Nicolas Testé, tous deux en grande forme, livrent une impeccable prestation. 

 

A la tête d’un Orchestre national de France qui semble parfois chercher un peu son homogénéité, mais qui dispose de couleurs somptueuses dans tous les pupitres, Emmanuel Krivine donne une interprétation très mystique de l’œuvre dont il souligne à l’envi la dimension spirituelle. C’est enfin le Choeur de Radio-France qui réalise la meilleure prestation et auquel la soirée devra son succès, notamment par une exécution sans faille de l’andante finale, conduit pianississimo par un Choeur homogène et de grande beauté et par un Chef particulièrement inspiré. L’émotion du public s’est réelle, suspendant les toux et agitations diverses, et ménageant un vrai silence tandis que la dernière note s’efface.

 

Programme et distribution : 

 

Hector Berlioz  (1803-1869)

L’Enfance du Christ

Trilogie sacrée 

Livret en français du compositeur

Créé à Paris, salle Herz, le 10 décembre 1854.

 

Marie : Stéphanie d’Oustrac

Le Récitant /un centurion : Bernard Richter

Joseph / Polydorus : Erwan Crossley-Mercer

Hérode / Le père de famille : Nicolas Testé

 

Choeur de Radio-France, direction Maria Försström

Orchestre national de France

 

Direction musicale : Emmanuel Krivine

 

Crédits photographiques : (c) Radio-France - Abramowitz

 

 

14 décembre 2018 - L’Enfance du Christ (Berlioz) au Théâtre des Champs Elysées.
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