C’était un événement exceptionnel que ce récital à Bordeaux, tant la présence de Mariella Devia sur les scènes françaises fut rare malgré ses 40 années de carrière qui l’ont vu triompher dans à peu près tous les grands rôles de l’opéra romantique italien.
A plus de 71 ans, la soprano, qui a fait ses adieux à l’opéra... l’année dernière, se consacre désormais au concert. Le programme de ce récital était dédié à ses compositeurs de prédilection : Rossini, Donizetti, Bellini et comportait une incursion vers du jeune Verdi. Pour chacun d’entre eux, le programme s’ouvrait sur des mélodies suivies d’une scène de l’un des opéras.
Dès son apparition et sa première interprétation, le charme fonctionne. L’aigu est intact, rayonnant, la technique d’une maestria ébouriffante, le legato légendaire tient ses promesses et les ornementations sont délicates et inventives. L’auditeur est sous le charme, promené par un timbre ensorcelant dans des territoires vocaux à la fois connus et surprenants. L’accompagnement de Giulio Zappa est talentueux, attentif, et marqué par une personnalité affirmée qui transparaît tant dans son interprétation des 2 mazurkas de Chopin que dans le Schumann.
De cette merveilleuse soirée, je retiendrai particulièrement la superbe aria du Tancredi, la mélodie « Per pietà... » de Bellini qui est un défi technique, les incroyables variations de la scène finale du Pirate. Et toute la deuxième partie de ce récital de légende, avec ses superbes mélodies de Donizetti, le Stuarda qui sert d’écrin à cette technique si aboutie et qui supporte des variations démentes, et l’air des Masniaderi qui fut un véritable festival technique.
Un peu de fatigue vocale sur le Stornello de Verdi n’a pas empêché deux bis sublimes : Casta Diva puis l’air de La Rondine, pour couronner un moment lyrique absolument exceptionnel qui s’est terminé en triomphe !
Programme et distribution :
Mariella Devia, soprano
Giulio Zappa, piano
G. Rossini
“Soirées musicales”
La promessa
L’invito
Tancredi
“Di mia vita infelice... No che il morir non è”
F. Chopin
Mazurka op. 67 n° 3 et 4
V. Bellini
Malinconia, ninfa gentile
Per pieta, bell’idol mio
Il pirata ( Acte 2)
“Col sorriso d’innocenza”
G. Donizetti
“Eterno amore e fé”
“La zingara”
Maria Stuarda
“Oh nube che lieve”
R. Schumann
Arabeske op. 18
G. Verdi
“Perduta ho la pace”
“Stornello”
“Deh pietoso, oh Addolorata”
I Masnadieri
“Tu del mio Carlo al seno”
Bis :
V. Bellini - Norma : « Casta diva »
G. Puccini - La rondine : « Chi il bel sogno di Doretta »