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Operaphile

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Comptes rendus de spectacles lyriques... entre autres choses....


11 novembre 2021 – Richard Cœur de Lion (Grétry) à l’Opéra royal de Versailles

Publié par Jean Luc sur 12 Novembre 2021, 23:48pm

Catégories : #Opera mis en scene, #opera comique

11 novembre 2021 – Richard Cœur de Lion (Grétry) à l’Opéra royal de Versailles

Tombé dans l’oubli au cours du siècle dernier, le Richard Cœur de Lion de Gretry a pourtant été l’archétype de l’opéra-comique français de la fin du XVIIIe siècle et un des opéras les plus connus du XIXe. L’œuvre se veut en rupture avec l’esthétique baroque ; elle est un des premiers opéras historiques, comporte un thème repris à de nombreuses reprises (la romance de reconnaissance) et préfigure le mouvement romantique avec son action située dans un univers médiéval et cette histoire de roi emprisonné que ses chevaliers –et sa belle- viennent délivrer. 

En dehors de la période révolutionnaire, le succès fut considérable avec plus de 1.500 représentations dans les seuls théâtres parisiens au cours du XIXe siècle. Il faut dire que l’opéra a de quoi séduire avec ses dialogues riches et variés (le livret de Sedaine), ses airs séduisants, son important ballet et son action échevelée dans laquelle alternent scènes bucoliques, fêtes paysannes, tempête, combats et attaque de château. L’éclipse révolutionnaire est bien sûr due au célèbre Ô Richard, Ô mon Roi” entonné dans ce même Opéra royal par les Gardes du Corps lors de leur banquet du 1er octobre 1789, pour saluer Marie-Antoinette et le Roi. C’est cet épisode qui excitera la crainte des Parisiens, amenant le peuple à Versailles le 6 octobre 1789 et in fine obligeant la famille royale à quitter le palais. 

La mise en scène de Marshall Pynkoski place l’action à l’époque de la création, sous le règne de Louis XVI. Les décors usent des techniques en vigueur à l’époque : châssis, toiles peintes et changements à vue … La direction d’acteurs facilitée par l’engagement des interprètes est une réussite, pleine de vivacité. Très respectueuse de l’œuvre, elle procède beaucoup de la reconstitution et de la mise en perspective historique. Il en est de même de l’important travail chorégraphique de Jeannette Lajeunesse-Zingg, qui se coule parfaitement dans la mise en scène et dans l’action, y prenant sa juste part, sans prétention ni afféterie.

La direction d’Hervé Niquet se régale visiblement de cette partition superbement illustrée par le Concert spirituel. L’interprétation est impeccable tout au long de la représentation, précise et équilibrée entre les pupitres. On regrettera juste que, en ce soir de première, un excès d’enthousiasme ait conduit à manquer un peu d’attention aux chanteurs qui devaient parfois lutter avec la déferlante sonore d’une formation survitaminée.

Un des plaisirs, et non des moindres, fut la remarquable diction, dans les dialogues comme dans les numéros, d’une distribution francophone. Les seconds rôles sont impeccablement tenus par François Pardailhé, Cécile Achille, Charles Barbier, Laura Jarrell et Virginie Lefebvre, avec une mention particulière pour la triple interprétation très présente de Jean-Gabriel Saint-Martin. Geoffroy Buffière a semblé parfois un peu en difficulté avec sa projection, face à un orchestre déchaîné, et face à la pétulante Laurette de Melody Louledjian. 

Marie Perbost est épatante aussi bien en Antonio qu’en Comtesse rendant à la fois le caractère insouciant, joyeux du jeune Antonio et la noblesse de Marguerite de Flandres. La voix est rayonnante dans les deux rôles et les deux incarnations sont vraiment séduisantes. 

Pierre Derhet est un Richard convaincant, majestueux et souverain. Le phrasé et la diction sont parfaits, et le timbre chaud et rond du ténor se coule dans le rôle sans effort. 

Mais c’est le Blondel de Rémy Mathieu qui était le plus remarquable ce soir. Le timbre est juvénile, mais aussi très rond et très coloré, la voix est homogène sur tout le registre et la technique est irréprochable, y compris dans l’aigu, servi par des notes de passage faciles et maitrisées. 

Le public a réservé un accueil très enthousiaste à cette très belle production. 

Programme et distribution :

 

André Grétry (1741–1813)

Richard Cœur de Lion

Opéra-comique en trois actes 

Livret en français de Michel-Jean Sedaine

Créé à Paris (Comédie-Italienne), le 21 octobre 1784

 

Blondel : Rémy Mathieu

Richard : Pierre Derhet

Laurette : Melody Louledjian

Antonio / Marguerite, comtesse d'Artois : Marie Perbost

Sir Williams : Geoffroy Buffière

Urbain/Florestan/Mathurin : Jean-Gabriel Saint-Martin

Guillot/Charles : François Pardailhé

Madame Mathurin : Cécile Achille

Le sénéchal : Charles Barbier

Colette : Laura Jarrell

Béatrix : Virginie Lefebvre

 

Ballet de l’Opéra royal : Gabriele Santoni, Thomas Aubras, Virginie Baiet-Dartigalongue, Emma Brest, Malory Delenclos, Kevin Law, Ludovick Le Floc’h, Tyler Gledhil, Dominic Who, Laurine Ristroph

 

Mise en scène : Marshall Pynkoski

Chorégraphie : Jeannette Lajeunesse-Zingg

Décors : Antoine Fontaine

Costumes : Camille Assaf

Lumières : Hervé Gary

Régleur de combats : Dominic Who

 

Chœurs et orchestre : Le Concert spirituel

 

Direction musicale : Hervé Niquet

11 novembre 2021 – Richard Cœur de Lion (Grétry) à l’Opéra royal de Versailles
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