Rossini a 20 ans lorsqu'il écrit cet opera et celui-ci déborde de la pétulance caractéristique du compositeur. Il est intéressant de comparer à quelques jours les directions de Norrington (dans l'Italienne mardi dernier) et de Mazzola, dans des œuvres esthétiquement proches... A la précision chirurgicale du 1er, à son sens des équilibres au sein de l'orchestre, à son talent pour mettre en avant les pupitres s'oppose la fougue, la verve d'Enrique Mazzola, chef que je trouve excellent dans ce répertoire (voir aussi le compte rendu de Tancrede). Certes, il fait primer le son et la dynamique sur tout le reste et son énergie dépasse parfois un peu l'orchestre et les chanteurs, comme dans le quatuor "tu sei causa...." qui n'était pas totalement en place. Mais l'ensemble est parfaitement fidèle à Rossini, dégage une immense impression de fraîcheur et d'enthousiasme et Mazzola se montre comme toujours très attentif à l'équilibre entre l'orchestre et les voix.
Dans le rôle de Dorvil, Bogdan Mihai est parfait. Le timbre est beau, la ligne de chant sans défaut, le registre parfaitement maitrisé et homogène. Les vocalises sont conduites avec panache, sans effort apparent, le sur aigu chanté avec naturel et jamais crié.....Élégant et crédible, ce jeune ténor est une très belle découverte, qui a été chaleureusement ovationné par le public.
Idem le baryton Christian Senn campe un Germano de grande classe. Très présent vocalement et sur scène, la voix est belle, le legato impeccable et la technique belcantiste a toute épreuve. J'ai aussi apprécié le ténor Enrico Casari dans le rôle assez ingrat de Dormont, qui fait lui aussi preuve d'une belle technique belcantiste. Carine Sechaye nous livre une Lucilla d'excellent niveau même si le timbre présente parfois quelques laideurs (la fatigue ? Un peu malade?).
Les déceptions viennent du Blansac de Rodion Pogossov, qui semble comme absent de la représentation et dont le baryton peine à emplir la salle et surtout de la Giulia d'Irina Dubrovskaya. Remplaçant en dernière minute Désirée Rancatore souffrante, elle montre des son entrée des limites inquiétantes : projection très imparfaite, quasi absence de médium, chant à l'économie. Bien que la technique soit sûre et maîtrisée, elle ne se risque quasiment jamais dans les notes les plus élevées, et elle ne se hissera au niveau de ses partenaires que dans l'air "il mio ben sospiro...." dans lequel elle démontre des qualités qu'on aurait aimé entendre toute la soirée.
Au total une très belle représentation qui me conforte dans ma profonde affection pour Rossini.
13 juin 2014 - La Scala di Seta (Rossini) au TCE
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