Ce concert était dédié à l’art de Caffarelli, castrat majeur de la scène napolitaine et qui en son temps captiva public et compositeurs presqu’autant que Farinelli (le fameux « Ombra mai fu » de Serse fut écrit pour lui). Et c’est peu de dire que ce concert à consacré le talent et le succès de Franco Fagioli auquel le public a réservé un véritable triomphe totalement mérité.
Il est indispensable d’associer à cette réussite Ricardo Minasi et Il Pomo d’Oro qui, sur instruments d’époques, ont distillé des interprétations subtiles, jouant avec talent de la merveilleuse acoustique de Versailles et parvenant à captiver l’auditoire, y compris dans les pièces instrumentales. La sonate pour trois violons d’Avitrano en 1ère partie diffusait une émotion palpable dans la salle.
Si dans le 1er air la voix a semblé un tout petit peu blanche (mais vraiment un tout petit peu), le contre-ténor a retrouvé tous les moyens de sa voix superbement colorée dès sa deuxième prestation. La chaleur du timbre, cette couleur mordorée, sont toujours aussi somptueuses ; Fagioli semble par ailleurs avoir renoncé à certains abus de graves qui, lors de précédents concerts m’avaient un peu gênés. Le souffle est toujours aussi long, la projection lui permet de faire face avec succès aux cuivres et aux tempêtes de cordes…. Surtout, le plus frappant chez Fagioli c’est cette capacité – rare dans ce registre de voix - à exprimer la tortueuse palette des sentiments de l’opéra baroque. Il est impeccable aussi bien dans les airs de colère que dans l’expression de la vaillance guerrière, dans l’expression de l’angoisse que dans la douleur amoureuse ou l’élégie sentimentale. Pour ma part, je l’ai trouvé au sommet en fin de 1ère partie, dans le bouleversant « Misero Pargoletto » de Leo et dans le vertigineux « In braccio a mille furie »(Vinci) interprété de façon brillantissime, puis dans le « Gonfio tu vedi il fiume » de Cafaro et enfin, dans les bis, lors du Doppo notte.
Ajoutons à cela une générosité réelle pour son public, un engagement total dans son concert et dans son propos et on ne s’étonne pas du triomphe qui a été le sien.
Programme :
Sarro : Demofoonte – Sinfonia
Porpora : Semiramide Riconscita : « Passagier che sulla sponda »
Hasse : Siroe – « Ebbi da te la vita »
Avitrano : Sonate en ré majeur op 3 n°2 pour 3 violons et continuo
Leo : Demofoonte – « Misero pargoletto »
Vinci : Semiramide riconsciuta : « In braccio a mille furie »
Pergolèse : Adriano in Siria – « Lieto cosi talvolta »
Hasse : Siroe – « Fra l’orror della tempesta »
Ragazzi : sonate en fa mineur
Cafaro : Ipermestra – « Gonfio tu vedi il fiume »
Leo : Il Ciro riconsciuto – ouverture
Mana : Lucio Papirio : « Odo il suono di tromba guerriera »
Bis :
Haendel : Ariodante : « Doppo notte »
Sarro : Valdemaro : « Un cor che ben ama »
Reprise d’une aria du concert dont j’ai oublié si c’était le Vinci ou le Mana (désolé…)
9 juin 2015 – Franco Fagioli à l’Opéra royal de Versailles
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