Belle soirée que cet "Instant Lyrique" de Nicolas Courjal. Dans cette salle aux dimensions (très) intimes, le spectateur est dans une grande proximité avec l'interprète et lorsque cet interprète a le talent de Nicolas Courjal, la magie opère à plein.
Le timbre est somptueux, plein et d'une homogénéité remarquable sur toute la tessiture, y compris dans l'aigu. Tout au long de son programme, déroulé avec un égal bonheur, la basse fait preuve d'une impressionnante longueur de souffle, d'une diction impeccable du français et d'un art consommé de la modulation et de la nuance.
Nulle facilité dans ce programme essentiellement consacré à la musique française et construit avec un soin aussi manifeste que le plaisir à l'interpréter. Les "Quatre chansons de Don Quichotte" de Jacques Ibert qui ouvrent le programme établissent d'emblée le haut niveau d'exigence de Nicolas Courjal. La chanson de la mort de Don Quichotte sera particulièrement bouleversante, mettant en outre très en valeur la beauté de cette voix exceptionnelle. Les mélodies de Tchaikovski qui suivent sont également très belles, soulignant les qualités d'adaptation de l'interprète, l'impressionnante palette de couleurs dont il dispose et la plasticité de la voix. La Sérénade de Don Juan est tout simplement superbe. Avant chacune de ses mélodies, Nicolas Courjal lit la traduction française du texte ce qui est une excellente idée qui permet de mieux décrypter la musique.
La suite du programme nous ramène vers des airs plus habituels en commençant par un superbe "Deh vieni alla finestra", incarnant un Don Juan plus polisson que prédateur. Magnifique hommage à la musique française que l'interprétation incandescente de l'air de Soliman ( "Sous les pieds d'une femme") extrait de La Reine de Saba (Gounod) dédié à Karine DESHAYES présente dans la salle qui a été, de mon point de vue le point culminant de la soirée avec l'air de Procida des Vêpres siciliennes ("Et toi, Palerme"). Dans "Le veau d'or", Antoine Palloc, au demeurant excellent accompagnateur et irréprochable tout le reste de la soirée, a semblé mal à l'aise dans une réduction pour piano à dire vrai assez peu enthousiasmante. Enfin, un air de la Calomnie du Barbier jubilatoire dans lequel Courjal s'amuse à l'évidence mais ne laisse aucune syllabe au hasard.
Programme :
Nicolas COURJAL, basse
Antoine PALLOC, piano
Jacques Ibert : Quatre chansons de Don Quichotte (Chanson du départ de Don Quichotte ; Chanson à Dulcinée ; Chanson du duc ; Chanson de la mort de Don Quichotte)
Piotr Ilitch Tchaïkovski :
Ne vier, moï Drug op.6 n°1
- Primirenie op.25 n°1
- Sérénade de Don Juan op.38 n°1
Wolfgang Amadeus Mozart : « Deh vieni alla finestra … » ( Don Giovanni)
Charles Gounod : « Sous les pieds d’une femme … » (La Reine de Saba),
Charles Gounod : « Le veau d’or … » (Faust)
Giuseppe Verdi : « Et toi, Palerme … » (Les Vêpres siciliennes)
Gioachino Rossini : « La calunnia … » (Il barbiere di Siviglia)
Bis
Aaron Copland : "At the river"
Joseph Kosma : "Immense et rouge"
21 mars 2016 - Recital Nicolas COURJAL à l'Elephant Paname
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