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Operaphile

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Comptes rendus de spectacles lyriques... entre autres choses....


9 novembre 2017 - Cosi fan tutte (Mozart) à l’Opéra royal de Versailles.

Publié par Jean Luc sur 11 Novembre 2017, 14:58pm

Catégories : #Opera mis en scene

Troisième opus de la « trilogie » Mozart-Da Ponte par le tandem constitué de Marc Minkowski au pupitre et d’Ivan Alexandre à la mise en scène. Et une nouvelle réussite.

 

Cosi fan tutte ossia la Scuola degli amanti est le troisième et dernier produit de la collaboration de Mozart avec Lorenzo da Ponte. Opera buffa en deux actes, répondant à une commande de Joseph II, il est créé le 26 janvier 1790 au Burgtheater de Vienne. De l’argument initial - au demeurant fort mince et que l’on dit inspiré d’un fait divers réel, Mozart et Da Ponte tirent une comédie douce amère, obéissant aux sous entendus grivois du genre et au contexte libertin et joueur du temps (les rideaux, les cartes à jouer...), mais qui tient moins de la farce réjouissante que de la mauvaise et cruelle plaisanterie qui va trop loin. 

 

La mise en scène d’Ivan Alexandre s’inscrit pleinement dans cette lecture. Reprenant le même théâtre de tréteaux que celui des Noces (voir le compte rendu) et de Don Giovanni (astucieux décors d’Antoine Fontaine), elle s’appuie sur une direction d’acteurs exigeante et une lecture homogène et pertinente de l’œuvre. Exempt de tout pédantisme, ce travail (superbement servi par les beaux éclairages « à la bougie » de Tobias Hagstrom Stähl) nous replonge dans un XVIIIeme siècle finissant vraisemblable et illustre avec un soin permanent une palette d’ambiances et d’expressions très étendue allant de la grivoiserie vulgaire à l’amitié brisée en passant par la déception amoureuse.

 

Le travail de Marc Minkowski est également remarquable. Sa direction est particulièrement déliée, très attentive aux équilibres et aux couleurs. Le plus notable est probablement sa plasticité, alternant nervosité et sérénité placide. Il s’appuie sur un piano forte à la superbe présence (Mathieu Dupouy) qui ressuscite l’intérêt des récitatifs en les réintégrant à l’œuvre et sur des Musiciens du Louvre enthousiastes et précis.

 

C’est le grand succès de Minkowski et d’Alexandre que d’avoir su construire une lecture véritablement partagée de l’œuvre, entièrement au service de la musique et qui ne cherche à nous imposer à toutes fins des conceptions personnelles plus ou moins capillotractees.... Et ce travail d’équipe, se retrouve dans l’esprit de troupe qui règne sur le plateau, clin d’œil bien sûr aux troupes du 18ème mais pas seulement : le plaisir de cette équipe à chanter ensemble et à occuper la scène est évident.

 

Jean-Sebastien Bou fait des merveilles dans Don Alfonso. Personnage central de l’intrigue tissée par la mise en scène, il est le prolongement vieilli et désabusé du Cherubino des Noces et celui amer et un rien salace de Don Giovanni. La voix ample et homogène sied parfaitement à l’autorité dévoyée du personnage, séducteur vieilli dont les appétits sont désormais satisfaits par des tiers. 

 

La Fiordiligi de Anna Maria Labin est très inégale, alternant de vrais beaux moments avec des passages moins bien négociés, notamment dans les récitatifs ou les arias lentes dans lesquels des sonorités très métalliques voire parfois un peu grasseyantes gâchent un peu le plaisir. Et même si elle se tire très bien du moqueur mais néanmoins redoutable « Come scoglio », mes réserves restent les mêmes que pour son interprétation de la Comtesse (Ici). La Despina de Maria Savastano est piquante à souhait même si la voix semble souvent un peu étroite et la projection limitée malgré l’exceptionnelle acoustique de l’opéra royal. 

 

En revanche, la Dorabella de Serena Malfi est impeccable. Le contraste entre les deux sœurs est parfaitement rendu , la voix de mezzo est ample et veloutée, et sa participation aux ensembles est un petit miracle d’équilibre à chaque fois. Le couple qu’elle forme avec le Ferrando d’Anicio Zorzi Giustiniani est crédible. Celui-ci est d’ailleurs particulièrement en forme et d’une présence scénique intense. Cet engagement ne nuit pas du tout à une prestation vocale de très haut niveau avec notamment un magnifique « Un'aura amorosa». Enfin Robert Gleadow brûle les planches, à son habitude. L’investissement dans le rôle de l’officier vulgaire et négligent est total (quoique peut être un peu cabotin) et la prestation vocale est irréprochable.

 

Malgré une salle pas totalement pleine (représentation en semaine oblige ?) une gros succès et une très belle soirée de musique et d’opéra !

 

 

Programme et distribution 

 

Opera-buffa en deux actes, livret de Lorenzo Da Ponte

Créé au Burgtheater de Vienne, le 26 janvier 1790

 

Mise en scène : Ivan Alexandre

Décors et costumes : Antoine Fontaine

Lumières : Tobias Haström Stahl

 

Jean-Sébastien Bou, Don Alfonso

Anicio Zorzi Giustiniani, Ferrando

Robert Gleadow, Guglielmo

Ana Maria Labin, Fiordiligi 

Serena Malfi, Dorabella

Maria Savastano, Despina

 

Les Musiciens du Louvre

 
(Photo : Drottningholms)
9 novembre 2017 - Cosi fan tutte (Mozart) à l’Opéra royal de Versailles.
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