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Operaphile

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Comptes rendus de spectacles lyriques... entre autres choses....


11 décembre 2017 - La Clemenza di Tito (Mozart) à l’Opera Garnier.

Publié par Jean Luc sur 16 Décembre 2017, 17:48pm

Catégories : #Opera mis en scene

 

La Clémence de Titus est une commande pour le couronnement de l’empereur Léopold II comme roi de Bohème. Dernier opéra de Mozart, ce sera un opera seria, genre alors déjà dépassé. Pour s’en convaincre, il suffit de relever que la dernière de La Clémence de Titus se déroule le même jour que la création de La Flûte à Vienne, le 30 septembre 1791.

 

Composé en un temps record alors que Mozart est malade, cet opéra seria fin XVIIIeme se présente comme une œuvre un peu inclassable, étrange : travail alimentaire de commande bâclé, dans un style dépassé, ou chef d’œuvre, aboutissement et summum de l’opera seria ?  Pour ma part, je penche pour la deuxième vision,  tant j’aime cette œuvre dans laquelle on retrouve les thèmes chers à Mozart du pardon et de la réconciliation. Militent en faveur de cette interprétation la limitation des récitatifs, la place accordée à des airs à structure nouvelle, nombreux et somptueux, et l’introduction de superbes ensembles à la fin des actes, qui traduisent aussi une rupture avec la tradition très corsetée de l’opéra seria. 

 

Il s’agit donc d’un opera seria en deux actes composé sur un livret en italien de Caterino Mazzolà d'après Metastase et le Cinna de Corneille (imposé à Mozart par le commanditaire). Il a été créé le 6 septembre 1791 au Théâtre national de Prague. L’argument compliqué, comme il se doit pour un opera seria, repose avant tout sur des amours contrariées qui finiront toutefois par triompher dans un contexte de générosité et de pardon du pouvoir impérial. 

 

Disons le d’emblée, cette reprise de la belle -quoique ancienne- production de Willy Decker est gâchée par la direction de Dan Ettinger. Bien que très impliqué et très attentif aux équilibres, celui-ci adopte un tempo d’une excessive lenteur, une interprétation totalement seventies de Mozart  et, pire, semble irrésistiblement attiré par une lecture aussi romantique qu’anachronique de l’œuvre. Ce ratage est d’autant plus regrettable que le plateau est lui plutôt interessant. À commencer par le choeur de l’Opera qui a une superbe présence et un belle musicalité un peu mate qui sied particulièrement à l’œuvre. 

 

Dans le rôle-titre, Michael Spyres possède le phrasé et la distinction qui lui permettent d’incarner le Titus perdu de solitude et de désillusion voulu par la mise en scène. La diction est simplement parfaite, le style est d’une très grande rigueur, ne cédant jamais à des effets faciles. Les capacités de coloration paraissent infinies, parant le timbre léger de sons sombres, mordorés qui traduisent la douleur et la déception de l’empereur clément. La virtuosité est impressionnante et culmine dans un « Se all'impero » de toute beauté. Seule la projection semble un peu altérée par la fatigue des représentations successives. 

 

Aleksandra Kurzak présente une santé vocale insolente et révèle une densité sur toute l’étendue de la tessiture que je ne lui soupçonnais pas et qui peut être prometteuse. Mais on trouvera des limites dans un air d’entrée qui la prend un peu à froid et, surtout dans un « Non piu dei fiori » qui alterne un medium sublime et une interprétation bouleversante avec des graves excessivement poitrinés et souvent franchement laids.

 

Pour ses débuts à Garnier, Marianne Crebassa impose un Sesto d’une stupéfiante crédibilité physique et d’une présence scénique remarquable qui réalise le caractère central du personnage. Servie par une voix superbe, puissante dans le medium et claire dans l’aigu, et par une technique sûre qui la font se jouer des trilles et des sauts, elle livre un «  Parto, Parto » d’une superbe musicalité, qui lui vaudra un grand succès.

 

Valentina Naforniţa est une Servilia toute en charme et son chant est d’une grande distinction, en particulier dans le piano qui vibre assez remarquablement. Quoique ne déméritant pas, Angela Brower présente un Annio un peu terne, sans grand relief. Marko Mimica au joli timbre sombre et rocailleux dispose de très beaux aigus mais semble un peu à la peine dans les graves les plus profonds qui paraissent déséquilibrer sa rythmique.

 

Programme et distribution 

 

Opera seria en deux actes, livret de Pietro Metastasio, adapté par Caterino Mazzzola

Créé au Theatre national de Prague, le 6 septembre 1791

 

Direction : Dan Ettinger

Mise en scène : Willy Decker

Décors et costumes : John Mac Farlane

Lumières : Hans Toelstede

 

Michael Spyres,Tito Vespasiano

Alexandra Kurzak, Vitellia

Marianne Crebassa, Sesto

Valentina Nafornita, Servilia

Angela Brower, Annio

Marko Mimica, Publio

 

Orchestre et Chœurs de l’Opera national de Paris 

 

 

 

 

11 décembre 2017 - La Clemenza di Tito (Mozart) à l’Opera Garnier.
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