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Operaphile

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Comptes rendus de spectacles lyriques... entre autres choses....


15 janvier 2018 - Concert Max Emanuel Cenčić Au Théâtre des Champs Elysées.

Publié par Jean Luc sur 20 Janvier 2018, 16:40pm

Catégories : #Récital contre tenor

 

S’inscrivant dans le cadre du 250ème anniversaire de la mort de Porpora, ce concert entend illustrer la rivalité qui l’opposa à Haendel à Londres.  Max Emanuel Cenčić présente cette rivalité et son contexte dans un texte dont il est l’auteur et qui est délivré en trois parties au cours du concert, texte tout à fait bien écrit,  interessant et plein d’humour. Une partie du public a été déroutée par cette présentation et par sa relative longueur, ce qui ne justifiait pas la grotesque injonction (« Canta! ») lancée par un impatient crétin. Pour ma part, j’ai trouvé plaisir à ce texte, à l’accent du contretenor mais c’était un exercice périlleux que ce long texte parlé avant de chanter. Et de fait la voix semblait insuffisamment chauffée, comme couverte, et d’une projection limitée dans le premier air, extrait d’Ifigenia de Porpora, au demeurant très virtuose.

 

Programme savamment construit et intelligemment approprié à la tessiture centrale de Max Emanuel Cenčić, la 1ère partie est consacrée à Porpora et la seconde à Haendel. L’ensemble met merveilleusement en avant les superbes qualités de cette voix. La deuxième aria de Porpora, extraite de l’Arianna in Nasso est conduite avec beaucoup de lenteur et une admirable précision, la rendant totalement bouleversante avec ces couleurs mordorées et ce « sfumato » qui font pour moi toute la séduction de la voix de Max Emanuel Cenčić. Les deux autres arias de Porpora en 1ère partie sont tout simplement des sommets, avec le douloureux et plaintif legato de l’extrait de Meride e Selinunte ou dans l’expressivité follement virtuose de l’aria de Filandro.

 

Ces qualités se retrouvent dans les arias de Haendel qui composent la seconde partie du concert, qui s’ouvre sur deux redoutables arias d’Orlando, particulièrement ornées. Avec les deux airs d’Arminio qui suivent, Cencic est souverain d’aisance dans cette seconde partie dans laquelle les vocalises sont superbes de légèreté, les ornementations élégantes et brillantes, l’aigu incisif et le grave de grande qualité.

 

Les deux bis, équitablement répartis entre les deux compositeurs, confirment totalement ces impressions, la voix ni l’artiste ne trahissant aucune fatigue et offrant en conclusion un «  Qual turbine che scende » d’anthologie.

 

Comme toujours avec Cenčić, il n’y a aucun faux semblant. Tous ses choix sont pensés, adaptés à ses moyens et totalement assumés. L’engagement est sans concession, la musique est servie avec une attention soutenue, il n’y a pas d’effet gratuit ni d’ornementation outrée. Le style est impeccable, le souci de l’interprétation est central et tout ce travail est intégralement mis au service du compositeur et de son œuvre. C’est ce qui rend cet artiste profondément unique et qui en fait un des chanteurs qui me touche le plus.

 

Armonia Atenea et George Petrou soutiennent totalement l’approche de Max Emanuel Cenčić et donnent ainsi toute sa cohérence à cette soirée. En revanche, les parties purement instrumentales sont moins convaincantes, peut être un peu trop desservies par l’acoustique sèche du TCE mais le concerto pour deux violons d’ouverture manque d’engagement des deux solistes et, à mes yeux, la Follia était un peu trop chargée d’effets. 

 

Une fois de plus, Max Emanuel Cenčić nous a offert une très belle soirée de musique, savante et émouvante à la fois.

 

 

Programme : 

 

Antonio VIVALDI (678-1741)

Concerto pour deux violons en la mineur (RV 522)

Nicola PORPORA (1686-1768)

« Tu spietato non sarai » (Ifigenia)

« Nume che reggi il mare » (Arianna in Nasso)

 

Antonio VIVALDI

Sonate en trio en ré mineur op1 (RV 63)

Nicola PORPORA

« Torbido intorno al core » (Meride e Selinunte)

« D’esser gia parmi », (Filandro)

 

Georg Friedrich HAENDEL (1685-1759)

« Già l’ebro mi ciglio » (Orlando)

« Cielo, se tu consenti » (Orlando)

Antonio VIVALDI

Concerto pour basson en mi mineur (RV484)

Georg Friedrich HAENDEL

« Al par della mia sorte » (Arminio)

« Si cadro, ma sorgera » (Arminio)

 

Bis

Georg Friedrich HAENDEL

« Fatto scorta al sentier » (Arminio)

Nicola PORPORA

« Qual turbine che scende » (Germanico in Germania)

 

Max Emanuel Cenčić, contre-ténor

 

Armonia Atenea,

Direction musicale

George Petrou

Sergiu Nastasa, Otilia Alitei, violons solos

Alexandros Oikonomou, basson solo

 

 (C) Souris Sotte

15 janvier 2018 - Concert Max Emanuel Cenčić Au Théâtre des Champs Elysées.
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