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Operaphile

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Comptes rendus de spectacles lyriques... entre autres choses....


17 mai 2018 - L’Heure espagnole (Ravel) et Gianni Schicchi (Puccini) à l’Opera national de Paris ( Bastille)

Publié par Jean Luc sur 24 Mai 2018, 21:54pm

Catégories : #Opera mis en scene

17 mai 2018 - L’Heure espagnole (Ravel) et Gianni Schicchi (Puccini) à l’Opera national de Paris ( Bastille)

 

Le rapprochement des deux œuvres est inhabituel et, pour tout dire, à mes yeux assez improbable. Comme le souligne le programme de salle, les deux univers musicaux dont ils relèvent sont franchement éloignés mais, surtout, Gianni Schicchi appartient à une trilogie conçue comme telle par Puccini. On voudra bien accepter toutefois qu’ils ont aussi des proximites qui peuvent légitimer cette production : une composition quasi simultanée (1911 et 1918), deux œuvres courtes en un acte, deux références explicites au genre buffa. Créée en 2004 pour Garnier cette production est cette fois présentée à Bastille. Le travail de mise en scène de Laurent Pelly se sort fort bien de cette migration, les décors chargés emplissant parfaitement de leur foisonnant capharnaüm le vaste espace de Bastille et la direction d’acteurs trouvant à s’appuyer sur d’excellents interprètes. Ce travail, qui établit des clins d’œil entre les deux ouvrages et nous arrache de nombreux sourires crée une homogénéité de la production qui, sur le papier, était loin d’être acquise. Il vaudra des applaudissements nourris (et très mérités) à l’équipe de Laurent Pelly, chose rare un soir de première....

 

L’Heure espagnole est exemplaire de ce qu’une distribution francophone peut apporter à la musique française qui impose le plus souvent une diction irréprochable. Clémentine Margaine brûle littéralement les planches dans le rôle de Concepcion dont elle s’empare avec gourmandise, entraînant tout le plateau dans une prestation débordant d’énergie. La projection est impeccable, le timbre rond et chaud et la composition brillante et amusante. A ses côtés, Stanislas de Barbeyrac déploie une composition comique de premier ordre : pattes d eph’ et déhanché ridicule, le ténor fait preuve d’un sens du comique que je ne lui connaissais pas et se tire avec bonheur de sa partie. Puissant et timbre toujours séduisant, Nicolas Courjal domine le rôle de Don Inigo Gomez et son costume d’obèse. Philippe Talbot est tout à fait honorable en horloger Torquemada et Jean-Luc Ballestra est un superbe Ramiro, tout en nuances et au style particulièrement élégant, presque trop pour ce rôle de musclor.

 

On retrouve Ballestra, Courjal et Talbot dans Gianni Schicchi, tous trois irréprochables et parfaitement distribués. Même impression de qualité dans les prestations de Maurizio Muraro, d’Emmanuelle de Negri, d’Isabelle Druet, Pietro di Bianco et de Tomasz Kumiega. Rebecca de Pont Davies est impressionnante en Zita, tant elle  plie sa voix et son physique au service d’un personnage ridicule et méchant. Moins convaincante, Elsa Dreisig n’est pas totalement convaincante en Lauretta malgré un timbre et un physique parfaitement adéquats. Quoique salué par le public, son interprétation de « O mio babbino caro » est caractéristique de sa composition : un peu trop désincarné, un peu trop attaché à « faire joli », au détriment de l’emotion. Le Rinuccio de Vittorio Grigolo a les qualités et les défauts habituels du ténor : belle projection, timbre séduisant et très italien, aisance du chant, pureté de la ligne, physique de jeune premier, mais tendance à vouloir accaparer le public, à se comporter en interprète du rôle titre, ce qu’il n’est pas ce soir... Enfin Artur Ruciński met au service du rôle un physique agile et leste et un timbre clair et juvénile qui ajoutent à la rouerie du personnage qu’il présente comme cynique en évitant toute vulgarité. Il est convaincant de bout en bout même si la puissance a semblé parfois un peu limite pour une salle comme Bastille. 

 

Maxime Pascal dirige les deux ouvrages avec un égal bonheur, soulignant les richesses d’orchestration de l’une comme le lyrisme échevelé de l’autre et menant l’orchestre de l’Opera à un excellent niveau.

 

Programme et distribution :

 

L’Heure espagnole

Opéra en un acte

Livret en français de Franc-Nohain

Créé à Paris à l’Opéra-Comique le 19 mai 1911

 

Gianni Schicchi 

Opéra en un acte

Livret de Giovacchino Forzano

Créé à New-York au Metropolitan Opera le14 décembre 1918

  

Mise en scène et costumes : Laurent Pelly

Décors : Florence Evrard, Caroline Ginet

Lumières : Joël Adam

Dramaturgie : Agathe Mélinand

 

L’Heure espagnole

Concepcion : Clémentine Margaine

Gonzalve : Stanislas de Barbeyrac

Torquemada : Philippe Talbot

Ramiro : Jean-Luc Ballestra

Don Iñigo Gomez : Nicolas Courjal

 

Gianni Schicchi

Gianni Schicchi : Artur Ruciński

Lauretta : Elsa Dreisig

Zita : Rebecca De Pont Davies

Rinuccio : Vittorio Grigolo

Gherardo : Philippe Talbot

Nella : Emmanuelle de Negri

Betto : Nicolas Courjal

Simone : Maurizio Muraro

Marco : Jean-Luc Ballestra

La Ciesca : Isabelle Druet

Maître Spinelloccio : Pietro Di Bianco

Amantio Di Nicolao : Tomasz Kumiega

Pinello : Mateusz Hoedt

Guccio : Piotr Kurmon

Gherardino : Etienne David

 

 

Orchestre de l’Opéra National de Paris

Direction musicale : Maxime Pascal

 

 

 

© Christian Leiber / Opéra national de Paris)

 
17 mai 2018 - L’Heure espagnole (Ravel) et Gianni Schicchi (Puccini) à l’Opera national de Paris ( Bastille)
17 mai 2018 - L’Heure espagnole (Ravel) et Gianni Schicchi (Puccini) à l’Opera national de Paris ( Bastille)
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