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Operaphile

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Comptes rendus de spectacles lyriques... entre autres choses....


21 janvier 2019 (Pré-generale) - Il Primo Omicidio (Alessandro Scarlatti) à l’Opéra national de Paris (Garnier)

Publié par Jean Luc sur 26 Janvier 2019, 18:29pm

Catégories : #Oratorio

 

Il y a un an, à propos du Jephtha de l’Opera de Paris (Ici), je regrettais cette manie des maisons d’opera de mettre des oratorios qui n’ont pas été conçus pour celà et alors même qu’attendent d’être recréés des opéras des mêmes compositeurs... C’est donc avec un rien de prévention que je me suis rendu à cette pré générale du Primo Omicidio. Et il faut bien reconnaître que la 1ere partie confirmait mes craintes : ne surnageait d’une mise en scène bien inutile (pour ne pas insister sur la ridicule direction d’acteurs égypto-hiératique dont je cherche encore le sens) que des lumières réellement somptueuses et quasi vivantes qui réussissaient à nous enfermer dans une atmosphère somme toute assez mystique. Mais la superbe musique de Scarlatti, magnifiée par la baguette très inspirée de René Jacobs et l’enthousiasme du B’Rock Orchestra, suffisait à emplir la soirée même si la distribution vocale montrait quelques faiblesses et restait un peu inégale, exception faite du remarquable Caïn de Kristina Hammarström. La mise en scène de la deuxième partie est en totale rupture et semble privilégier un réalisme à la cubaine ou à la soviétique. A partir du meurtre, les chanteurs quittent la scène qu’ils abandonnent à leurs doubles-enfants et rejoignent soit la fosse (pour les humains) soit les loges d’avant scène (les deux voix). Et, servi par un texte d’une remarquable modernité (notamment dans la déploration d’Eve et d’Adam), ça fonctionne parfaitement cette fois-ci. Epousant la musique toujours somptueuse de Scarlatti, Castellucci nous enserre dans une émotion mystique authentique. 

 

René Jacobs est le principal artisan de cette émotion. Révélant une orchestration d’un exquis raffinement et exprimant une intériorité profonde, il conduit le B’Rock Orchestra vers une expressivité toute empreinte de spiritualité. Si elle n’est pas le contralto voulu par la partition, et est parfois un rien limitée dans le grave, Kristina Hammarström réussit une superbe prestation en Caïn. En revanche, autre mezzo, Olivia Vermeulen est moins convaincante en Abel, faute à un aigu un peu trop acidulé et trop étroit et, probablement à un timbre trop féminin. Autre belle révélation de cette soirée, Birgitte Christensen, incarne une Ève bouleversante en deuxième partie alors que l’aigu avait semblé en difficulte en première partie. Si le timbre de Thomas Walker est d’une grande beauté et d’une grande douceur, il manque toutefois de l’énergie nécessaire au désespoir d’Adam et son agilité est insuffisante pour affronter les vocalises du rôle qui semblent souvent engorgées. Contre ténor chargé de la Voix de Dieu, Benno Schachtner affiche des limites trop évidentes et un timbre trop désincarné pour nous émouvoir vraiment. Robert Gleadow est en revanche tout à fait convaincant , et très impliqué, en Lucifer même s’il semblait un peu à la peine dans les notes les plus graves.

 

Au total, ce fut une bien belle soirée que cet oratorio mis en scène, dont la musique a  déployé ses accents profondément religieux et quasi mystiques sous les ors de Garnier.

 

 

Programme et distribution : 

 

Alessandro Scarlatti (1660-1725)

Il Primo Omicidio ovvero Caino

Oratorio à six voix 

Livret en italien d’Antonio Ottoboni

Créé à Venise (lieu inconnu), probablement pendant le Carnaval 1707.

 

Caino : Kristina Hammarström

Abele : Olivia Vermeulen

Adamo : Thomas Walker

Eva : Birgitte Christensen

Voce Di Dio : Benno Schachtner

Voce Di Lucifer : Robert Gleadow

 

Mise en scène, décors, costumes, lumières : Romeo Castellucci

 

B’Rock Orchestra

 

Direction musicale : René Jacobs

 

Crédits photographiques : © Bernd Uhlig / Opéra national de Paris

 

 

 

 

 

 

 

21 janvier 2019 (Pré-generale) - Il Primo Omicidio (Alessandro Scarlatti) à l’Opéra national de Paris (Garnier)
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