7 octobre 2019 - Gala des 10 ans du Palazzetto Bru Zane au Théâtre des Champs Elysées.

7 octobre 2019 - Gala des 10 ans du Palazzetto Bru Zane au Théâtre des Champs Elysées.

Cette soirée était un concert de gala pour le 10ème anniversaire du Centre de musique romantique française qui, depuis Venise, fait renaître avec bonheur des œuvres et des compositeurs oubliés ou délaissés. Le programme, qui réunissait de nombreux artistes habitués du Palazzetto, était à l’image de ce travail consacré à l’opérette et au grand opéra. Une légère mise en espace opposait, à cour, les chanteurs comiques et légers dans un salon hétéroclite et des couleurs acidulées, aux chanteurs sérieux en noir côté jardin. L’alternance un peu trop systematique des airs légers et des airs sérieux nuisait un peu au déroulement de la soirée et à la profondeur de certaines œuvres, un peu comme si les organisateurs n’avaient pas voulu choisir entre la célébration joyeuse et un peu déjantée où le prestige de l’interprétation d’œuvres rares.

Il faut commencer par saluer la belle prestation de l’orchestre de chambre de Paris et du Chœur du Concert spirituel, emmenés avec énergie et sensibilité par un Hervé Niquet plus sobre, plus retenu que d’habitude. Les parties orchestrales revêtent ainsi un intérêt tout particulier, notamment la danse espagnole du Tribut de Zamora, magistralement exécutée, ou l’impressionnant Concerstück de Gabriel Pierné dans lequel brille Emmanuel Ceysson.

J’ai regretté l’intention comique du début de l’air de Phèdre dans lequel Judith van Wanroij roule à l’excès ses « r ». Heureusement le chœur sera formidable et redonnera toute son intensité à cette belle page. Suit l’absurde « J’viens d’perdr’mon gibus » chanté avec enthousiasme par un Rodolphe Briand gouailleur a souhait et très en forme, qui plus tard donnera avec autant de bonheur la réplique à un Olivier Py travesti célébrant ses dindons (La Mascotte). Veronique Gens est souveraine dans un intéressant Lancelot, dans lequel Cyrille Dubois brille tout autant. De même, Chantal Santon Jeffery vocalise avec talent et ardeur dans un Charles VI de Halévy qu’elle nous donne envie de voir à la scène. Tassis Christoyannis maîtrise admirablement l’art de la mélodie dans son extase de St Saens. On retombe un peu lourdement avec le Faust et Marguerite, dans lequel je n’ai trouvé les interprètes ni à l’aise ni convaincants (Lara Neumann et Flannan Obe). L’Adrien de Méhul a été un des sommets de la soirée avec une partition formidable et deux interpretes en grâce, tout particulièrement Edgaras Montvidas, à la diction impeccable et élégante. Qualités sublimées par la présence et la répartie de Veronique Gens dans le Dante de Godard qui fut également un temps particulierement fort. Ingrid Perruche a, quant à elle, était entraînante dans son air de la Duchesse Totoche et la soirée s’est terminée, après un Mystères d’Isis sans grand intérêt quand on a son Mozart dans l’oreille, sur les tourbillons de la Vie Parisienne et surtout des Chevaliers de la Table ronde dont Les Échos ont longtemps tourné dans la tête des spectateurs.

Programme et distribution : 

Jacques Offenbach : Madame Favart (1878) - ouverture 

Jean-Baptiste Lemoyne : Phèdre (1786) - Air et chœur funèbre (Judith van Wanroij)

Félix Chaudoir : J’viens d’perdr’ mon gibus (v. 1890) (Rodolphe Briand, piano : Vincent Leterme)

Victorin Joncières : Lancelot (1900) - Introduction, arioso et duo (Veronique Gens et Cyrille Dubois)

Charles Gounod : Le Tribut de Zamora (1881) - Danse espagnole

Fromental Halévy : Charles VI (1843) - Villanelle (Chantal Santon Jeffery)

Camille Saint-Saëns : Extase (1860) (Tassis Christoyannis)

Frédéric Barbier : Faust et Marguerite (1869) - Air des bijoux, couplets de la bretelle et duo d’amour (Lara Neumann et Flannan Obé. Accordéon : Pierre Cussac)

Etienne-Nicolas Méhul : Adrien (1791) - Finale de l’acte II (Judith van Wanroij, Edgaras Montvidas, Cyrille Dubois, Tassis Christoyannis)

Edmond Audran : La Mascotte (1880) - Duetto (Olivier Py et Rodolphe Briand)

Gabriel Pierné : Concertstück (1903) (harpe, Emmanuel Ceysson)

Benjamin Godard : Dante (1890) - Entracte et duo (Véronique Gens et Edgaras Montvidas)

Hervé : Les Chevaliers de la Table Ronde (1866) - Air de la duchesse Totoche (Ingrid Perruche)

Ludwig Wenzel Lachnith d’après Mozart : Les Mystères d’Isis (1801) - Finale de l’acte I (V. Gens, C. Santon Jeffery, I. Perruche, M Gautrot, C. Dubois, T. Christoyannis)

Jacques Offenbach : La Vie parisienne - Finale de l’acte III (1866) (tous)

Bis : Refrain des Chevaliers de la Table ronde (1866) (tous)

Direction musicale : Hervé Niquet

Chœur du Concert Spirituel

Orchestre de chambre de Paris

Comments

[mpr]

Je pense que ce concert m'aurait plu ;;;