7 janvier 2020 - Concert Vannina Santoni & Saimir Pirgu au Théâtre des Champs-Elysées.
On s était dit bien avant le concert qu’on ne serait pas submergé par l’originalité ni la cohérence dans ce programme digne des concerts lyriques des années 60, allant de Mozart à Cilea, soit deux siècles de musique ... et de styles. Mais bon, on était résigné à assister à un courageux exercice de démonstration des capacités techniques et stylistiques des deux chanteurs qu’on avait plutôt appréciés dans La Traviata dans ce même théâtre fin 2018 ()lire ici, en dépit de réserves significatives sur la Violetta de Vannina Santoni.
Malheureusement, la première partie du concert ne tient pas les promesses de l’affiche. L’orchestre de l’Opera Royal de Wallonie-Liege y est poussif et sans enthousiasme, sous la direction pesante et brouillonne de Paolo Arrivanbeni. Les deux ouvertures de Cosi et de Roberto Devereux sont dénuées de progression et de subtilité. Cette pesanteur orchestrale handicapera bien sûr les deux chanteurs. Saimir Pirgu déploie néanmoins son très beau timbre, aux accents chauds et virils, son médium séduisant et sa technique sûre qui lui permet de vocaliser aisément. L’usage de la voix de tête est bien maîtrisé ainsi que l’homogénéité des notes de passage. Mais, à l’exception de « Una furtiva lagrima », vraiment magistrale et émouvante, il peine un peu à convaincre dans ce répertoire, surtout du fait d’aigus systématiquement poussés et fortissimo. Vannina Santoni est davantage en difficulté et on retrouve les défauts déjà relevés en 2018 : le chant est affecté d’un vibrato serré souvent un peu désagréable, les aigus sont arrachés aux forceps, attaqués en-dessous, sont souvent courts et presque toujours détimbrés et on relève ici et là quelques problèmes de justesse.
Après l’entracte, et dès l’entrée en scène de Vannina Santoni, on a le sentiment d’assister à un autre concert. L’orchestre se déploie avec volupté, dans ce répertoire plus tardif et donne à entendre des bois et des violoncelles vraiment superbes. Le chef Arrivabeni semble avoir retrouvé finesse et subtilité et dirigera un intermezzo de Pagliacci de toute beauté. Vannina Santoni semble parfaitement à l’aise dans Juliette et Mimi auxquelles elle donne une réelle épaisseur et s’avère vite très émouvante. De même Saimir Pirgu apparaît comme libéré, et son Werther est de grande beauté. Les deux interprètes s’attachent d’ailleurs à donner vie à leurs personnages, dans des attitudes moins rigides qu’en première partie.
Un peu de déception donc de ce concert au programme mal composé et dont le manque d’originalité se retrouvera dans le choix du « Libiamo » en bis...
Programme et distribution :
Vannina Santoni, soprano
Saimir Pirgu, ténor
Orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège
Direction musicale : Paolo Arrivabeni
Wolfgang Amadeus Mozart
Cosi fan tutte, Ouverture
« Il mio tesoro », de Don Giovanni
« Fra gli amplessi », Cosi fan tutte
Giuseppe Verdi
« È strano... Ah! fors'è lui... Sempre libera… », La Traviata
Gaetano Donizetti
Roberto Devereux, Ouverture
« Una furtiva lagrima », « Prendi per me sei libero », « Caro elisir! Sei mio!... Esulti pur la barbara », L’Elisir d’amore
Charles Gounod
« Je veux vivre », Roméo et Juliette
Jules Massenet
« Pourquoi me réveiller, ô souffle du printemps ? », Werther
Charles Gounod
« Va! je t'ai pardonné… Nuit d'hyménée… », Roméo et Juliette
Francesco Cilea
L’Arlesiana, Prélude
« È la solita storia del pastore », L’Arlesiana
Ruggero Leoncavallo
I Pagliacci, Intermezzo
Giacomo Puccini
« Si, mi chiamano Mimi», « Che gelida manina », « O soave fanciulla», La Bohème
BIS
« Libiamo », La Traviata
« O soave fanciulla », La Bohème