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Operaphile

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Comptes rendus de spectacles lyriques... entre autres choses....


8 mars 2022 – Concert Carlo Vistoli à la salle Cortot

Publié par Jean Luc sur 10 Mars 2022, 13:35pm

Catégories : #Concert contre tenor

La salle Cortot, par ses dimensions réduites, constitue un écrin parfait pour ce programme de cantates profanes, destinées aux salons des palais italiens, tout comme le choix d’un accompagnement qui se limite au continuo, comme probablement c’était généralement le cas. Il n’en demeure pas moins que ce programme est particulièrement exigeant et qu’il faut beaucoup de vaillance, et un peu d’audace, pour l’affronter dans une salle dans laquelle les spectateurs sont très proches, dont l’excellente acoustique permet de tout entendre et avec une formation dont l’ampleur limitée expose le chanteur davantage qu’un ensemble d’instrumentistes plus important.

Carlo Vistoli est l’interprète idéal de ce répertoire. La voix est une des plus belles qui se puissent entendre actuellement et elle est d’une homogénéité remarquable sur l’ensemble de la tessiture. Aux graves naturels s’ajoutent désormais des aigus clairs, percutants et tout aussi naturels. D’une précision remarquable, le chant sait se couler dans l’interprétation de l’amour profane, du désir, de la séduction, du dépit, du désespoir… A un cantabile parfaitement maitrisé et expressif, succèdent des vocalises virtuoses, précises et qui conservent la profondeur de l’interprétation. L’extrême exigence de l’interprète est perceptible, comme l’est l’impressionnante longueur de souffle. Le Pianti, sospiri de Vivaldi qui conclut le programme illustre parfaitement ces qualités, qui assument la virtuosité sans omettre l’incarnation.

Au cœur de ce programme se loge la pépite que constitue La Lucrezia. L’histoire de cette femme qui crie vengeance et finit par se suicider suite à un viol. Véritable chef d’œuvre, cette cantate alterne des moments tristes et doux et des explosions de colère. Elle comporte des intervalles impressionnants qui demandent beaucoup à l’interprète. Carlo Vistoli y a été particulièrement bouleversant, rendant à merveille la progression dramatique de la cantate dont il fait une œuvre lyrique à part entière. 

Le concours de Le Stagioni est un ingrédient essentiel de la réussite de cette belle soirée. Les trois instrumentistes accompagnent Carlo Vistoli dans la moindre de ses intentions et leur grande maitrise technique sert avec talent ce répertoire. L’interprétation de la sonate de Geminiani était un moment particulièrement beau.

En bis, Carlo Vistoli offrira, avec m’a-t-il semblé un clin d’œil à l’enthousiasme un peu trop débordant de certains spectateurs, une reprise partielle de Ninfe e pastori.

Ce programme a été enregistré par ces mêmes artistes et sera disponible au disque à compter du 8 avril prochain (La Música)

Programme et distribution : 

L’art des castrats : Haendel – Porpora – Vivaldi

Carlo VISTOLI, contre-ténor

Ensemble Le Stagioni : Paolo Zanzu, clavecin, Julien Barre, viooncelle, Simone Vallerotonda, théorbe

Direction musicale : Paolo Zanzu

 

Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
«Deh, lasciate e vita e volo» cantate HWV 103
«Ninfe e pastori» cantate HWV 139b

Domenico Scarlatti (1685-1757)
Sonate pour clavecin K8 en sol mineur

Georg Friedrich Haendel 
« O Numi eterni » ou «La Lucrezia», cantate HWV 145

Francesco Geminiani (1687-1762)
Sonate pour violoncelle et basse continue op 5 n°3 en do majeur

Nicola Porpora (1686-1768)
« Oh, se fosse il mio core in libertà » cantate S 74

Antonio Vivaldi (1678-1741)
«Pianti, sospiri e dimandar mercede» cantate RV 676
 

8 mars 2022 – Concert Carlo Vistoli à la salle Cortot
8 mars 2022 – Concert Carlo Vistoli à la salle Cortot
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