Retour à l’Opéra-Comique de cette belle production déjà vue en 2018 (compte-rendu à lire ICI) et dont la distribution est en grande partie la même, notamment pour les deux rôles principaux. Le programme de salle nous rappelle que Le Domino Noir est la neuvième œuvre la plus représentée à l’Opéra-Comique et l’un de plus grands succès du répertoire de la maison et ce, dès sa création le 2 décembre 1837.
Le succès rencontré en 2018 auprès d’un public parisien très enthousiaste ne se dément pas au cours de cette reprise, abondamment applaudie et saluée par des critiques flatteuses.
Et de fait, les réserves que j’avais pu émettre en 2018 sont complètement balayées par cette représentation du 26 septembre. On retrouve d’abord avec plaisir l’énorme énergie de cette mise en scène efficace et très inspirée, qui nous amène à sourire beaucoup et à rire franchement souvent. Pas un mot à changer à ce que j’en écrivais en 2018 : « Cette énergie est au premier chef le produit du travail remarquable de Valérie Lesort et Christian Hecq dont la mise en scène très inspirée explore tous les ressorts possibles, aidée par les décors réussis de Laurent Peduzzi, les costumes loufoques de Vanessa Sannino (ah, ce porc épic !) et les marionnettes délirantes de Valérie Lesort et de Carole Allemand (le cochon de charcuterie ou les gargouilles rigolardes du couvent). »
Vocalement, la distribution est impeccable (et la diction française est remarquable, y compris dans les parties parlées propres à l’opéra comique) à commencer par le couple d’amoureux qui constitue la colonne vertébrale de l’œuvre. Anne-Catherine Gillet (Angèle) pétille avec un abattage remarquable et entraine tout son petit monde dans cette intrigue loufoque qu’elle survole avec aplomb de sa voix très séduisante et avec une technique qui n’est jamais prise en défaut. En grande forme, Cyrille Dubois se délecte à l’évidence de son rôle de grand dadais et son timbre m’a semblé être plus charnu, et avoir gagné en épaisseur et en projection.
Le comte Juliano est remarquablement interprété par Léo Vermot-Desroches, dont la voix sonore et parfaitement projetée déroule un timbre très séduisant et très approprié au rôle. La Brigitte de Victoire Brunel est également une belle réussite.
Sylvia Bergé est maléfique à souhait en sœur Ursule, Marie Lenormand est délicieusement comique et truculente en gouvernante Jacinthe et Laurent Montel est irrésistible en Lord Elfort, ridicule, jaloux et gourmand. Le Gil Perez de Jean-Fernand Setti est saisissant vocalement comme de présence scénique.
De mon point de vue, la grande différence par rapport à la production de 2018, est ce qui se passe dans la fosse. La direction de Louis Langrée rend justice à cette partition, et me rend compréhensible ce qui a fait le succès de cet ouvrage. Les tempi vifs sont maitrisés et donnent à l’ensemble un caractère joyeux communicatif. Dès l’ouverture, l’auditeur est emporté dans un tourbillon dont l’élégance et la légèreté ne se démentent jamais. L’orchestre de Chambre de Paris et le Chœur Les Eléments sont également beaucoup plus convaincants à mes yeux que ne l’avaient été leurs prédécesseurs dans cette même production.
Très belle soirée sans temps mort, abondamment et chaleureusement applaudie par un public visiblement, et à juste titre, charmé.
Crédits photos : © Stefan Brion
Programme et distribution :
Le Domino Noir, opéra-comique en trois actes de Daniel-François Auber (1782-1871).
Livret d'Eugène Scribe, en français.
Créé le 2 décembre 1837 à l'Opéra-Comique (Salle des Nouveautés).
Angèle de Olivarès : Anne-Catherine Gillet
Horace de Massarena : Cyrille Dubois
Brigitte de San Lucar : Victoire Bunel
Comte Juliano : Léo Vermot-Desroches
Jacinthe : Marie Lenormand
Gil Perez : Jean-Fernand Setti
Ursule : Sylvia Bergé
Lord Elford : Laurent Montel
La Tourière : Isabelle Jacques
Melchior : Laurent David
Danseurs : François Auger, Anna Beghelli, Sandrine Chapuis, Laurent Côme, Mikael Fau et Mathilde Méritet
Mise en scène : Valérie Lesort et Christian Hecq
Reprise de la mise en scène : Laurent Delvert
Décors : Laurent Peduzzi
Costumes : Vanessa Sannino
Lumières : Christian Pinaud
Chorégraphie : Glyslein Lefever
Réalisation marionnettes : Valérie Lesort et Carole Allemand
Orchestre de Chambre de Paris
Chœur Les Eléments, chef de chœur Joël Suhubiette
Direction musicale : Louis Langrée.