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Operaphile

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Comptes rendus de spectacles lyriques... entre autres choses....


10 janvier 2025 – Concert anniversaire de la Philharmonie de Paris.

Publié par Jean Luc sur 12 Janvier 2025, 19:21pm

Catégories : #Concert, #Musique sacrée

Le concert célébrait les 10 ans du bâtiment de la Philharmonie, les 30 ans de la Cité de la Musique et le 100ème anniversaire de la naissance de Pierre Boulez.

C’est donc tout naturellement que le concert s’ouvrait sur Initiale de Pierre Boulez, œuvre courte pour 7 cuivres composée pour l’inauguration du musée de la Menil Collection à Houston.  Pour l’occasion, Klaus Mäkelä a disposé la formation de sept instrumentistes en haut de la salle afin de mettre en valeur une spatialisation qui sied plutôt bien à la composition de Boulez. Mais j’ai beau faire, je reste assez hermétique à cette musique à l’intérieur de laquelle je ne parviens pas à entrer.

Le programme se poursuit avec l’ouverture de La Consécration de la Maison, œuvre composée pour l’inauguration de la salle rénovée du théâtre Josefstadt . En réalité, il s’agit d’une révision de la musique de scène de Les Ruines d’Athènes de von Kotzebue, musique de scène déjà composée par Beethoven à laquelle il ajoute pour l’occasion une Ouverture, donnée ce soir. Cette ouverture connut un grand succès du vivant de Beethoven mais reste fort peu exécutée aujourd’hui. L’écriture fuguée en est pourtant belle, incluant des échos martiaux dans une partition énergique et délicate qui fait la part belle aux bois, notamment au basson. C’est Gustavo Dudamel qui dirige cette partie du programme avec une précision remarquable à laquelle l’Orchestre de Paris se plie avec succès.

Klaus Mäkelä reprend ensuite la baguette pour le reste du programme du concert. Et tout d’abord pour un Gloria de Poulenc absolument bouleversant et irréprochable. L’œuvre est étonnante : profondément spirituelle, elle entre de plein pied dans le répertoire sacré mais elle multiplie des clins d’œil au profane, clins d’œil que Poulenc revendiquait. Le Gloria est divisé en six parties qui jouent des contrastes : après un Gloria très solennel la deuxième partie (Laudamus Te), écrite comme une farandole fit scandale à la création puis le Domine Deus fait penser à un concerto pour chœur et soprano solo et porte une émotion palpitante quand la quatrième partie (Domine Fili unigenite) est particulièrement allègre et dansante. Suit un Dominus Deus, Agnus Dei d’une douceur proprement angélique avant un Qui sedes ad dexteram Patris dont la puissance croit au cours de l’exécution avant de s’achever sur un Amen ethéré et pianississimo.

C’est peu dire que l’exécution de cette œuvre a été magistrale : Klaus Mäkelä est à l’évidence un chef idéal pour ce répertoire auquel il donne toute la vivacité, l’allégresse et la profondeur nécessaires. Il joue des somptueuses couleurs de l’Orchestre de Paris et de ses grandes capacités de nuances avec un talent et une inspiration indéniables. Le Chœur de l’Orchestre de Paris comme Elsa Benoit sont des partenaires parfaitement à la hauteur de cette lecture de très grande qualité.

En deuxième partie du concert, on retrouve une œuvre plus connue avec les Tableaux d’une Exposition, écrits pour piano par Moussorgski en 1874 en hommage à son ami Hartmann, peintre dont les tableaux sont évoqués dans les différentes parties de la partition. L’œuvre fit l’objet de plusieurs orchestrations dont la plus connue est celle de Ravel, achevée en 1922.

Cette version fait écho à la grande difficulté technique de la partition piano par une richesse de coloris et d’ambiances, soutenue par le recours à une grande variété d’instruments avec deux harpes, une section de percussions et des pupitres de bois et de cuivres particulièrement nourris, et des instruments plus rares (contrebasson, xylophone, célesta, cloche…). Ici encore Klaus Mäkelä apparait comme le chef idéal pour ce répertoire, confirmant un très grand talent et entraînant l’Orchestre de Paris avec un narratif coloré et imaginatif. L’exécution est passionnante de bout en bout, enveloppe l’auditeur dans sa puissance et culmine dans un final majestueux et saisissant (la grande porte de Kiev).

Le concert s’est achevé par une longue ovation adressée aux interprètes et surtout à Klaus Mäkelä qui s’est montré envoutant tout au long de sa prestation à la tête d’un Orchestre de Paris particulièrement en forme.

 

Programme et distribution :

Pierre Boulez (1925-2016)

Initiale

Créé le 30 novembre 1986 à Houston (musée de la Menil Collection)

 

Ludwig van Beethoven (1770-1827)

La Consécration de la maison* - Ouverture

Créé le 3 octobre 1822 à Vienne (Josephstadt Theater)

 

Francis Poulenc (1899-1963)

Gloria **

Créé le 20 janvier 1961à Boston (Symphony Hall)

 

Modeste Moussorgski (1839-1881)

Tableaux d'une exposition, orchestration Maurice Ravel (1875-1937)

Créé (version Ravel) le 19 octobre 1922 à Paris (Opéra de Paris)

 

Orchestre de Paris

Chœur de l'Orchestre de Paris, Richard Wilberforce, chef de chœur**

Elsa Benoit, soprano**

 

Direction musicale :

Klaus Mäkelä

Gustavo Dudamel *, direction

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