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Operaphile

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Comptes rendus de spectacles lyriques... entre autres choses....


11 octobre 2025 – UN BALLO IN MASCHERA (Giuseppe VERDI) au Théâtre San Carlo de Naples.

Publié par Jean Luc sur 15 Octobre 2025, 18:23pm

Catégories : #Dive et divi

Verdi devait un opéra au San Carlo et finit, après avoir renoncé au Roi Lear, à décider de mettre en musique un livret écrit par Scribe pour Auber quelque 20 ans plus tôt : Gustave III ou le Bal Masqué. Devant les exigences de la censure, Verdi renonce et confie la création de son Bal masqué au Teatro Apollo de Rome où la censure est moins pesante. La création est un succès total et l’ouvrage sera peu à peu repris sur toutes les scènes.

 

Ce Bal masqué est une œuvre un peu hybride, mêlant la verve de l’opéra italien à des inspirations prises près de l’opéra comique ou du grand opéra à la française. Dépourvu de cabalettes, l’œuvre marque un tournant dans la composition verdienne, privilégiant les modulations et les atmosphères, tragiques notamment. Histoire d’amour, d’amitié, de jalousie et de mort, Un Bal masqué réclame une distribution exemplaire et un chef capable de faire vibrer son orchestre aux nombreuses couleurs de la partition.

 

La mise en scène de Massimo Pizzi Gasparon Contarini respecte scrupuleusement le livret. Les décors, les lumières, les costumes sont d’un total traditionalisme et la seule (petite) audace est celle du tableau de l’antre d’Ulrica devenu un espace de transgression sexuelle assez sage. Mais ce type de mise en scène, renonçant à moderniser la représentation, est reposant pour le spectateur et lui permet de se concentrer sur la musique. Toutefois, la quasi absence de direction d’acteurs laissait les solistes assez démunis et les amenait, à l’exception de Ludovic Tézier, à des postures hiératiques d’un autre âge.

La direction de Pinchas Steinberg est d’une très grande clarté, mettant en valeur les différents pupitres (superbes bois) et veillant de façon constante aux équilibres entre eux et avec le plateau. L’attention portée aux solistes est continuelle et rigoureuse, ceux-ci étant en permanence accompagnés par le chef.

Les voix réunies pour le quatuor de rôles principaux est du niveau requis par cette œuvre.

Anna Netrebko fait ici ses débuts en Amélia et elle est parfaite dans le rôle, qu’il s’agisse de sa voix, large, puissante, dramatique ou de la technique vocale qui lui permet de rendre avec un bonheur égal les émotions de son personnage. « Ecco l'orrido campo » est exemplaire tant les nuances d’expression (de la terreur à la douleur intime) sont maîtrisées. Son " Morrò, ma prima in gracia" fait régner un silence absolu dans la salle tant le désespoir qu’exprime le chant y est palpable.

En Renato, Ludovic Tézier est exceptionnel. Il incarne à merveille le chant verdien, ce qui lui sera dit d’ailleurs du haut de la salle. La ligne de chant est superbe, le timbre toujours aussi beau et la technique vocale lui permet de façonner un portrait psychologique de son personnage dont on suit les évolutions avec un vrai intérêt, comme si on découvrait l’œuvre. Du très grand art qui se manifeste dans chacune de ses interventions et en particulier dans un « Alzati… Eri tu che macchiavi quell’anima » absolument bouleversant et qui lui vaudra une ovation et une demande de bis insistante de la salle. Il semblait prêt à l’accorder mais pas le chef….

Piero Pretti est un Riccardo de grande qualité même s’il ne parvient pas à se hisser au niveau dramatique de Netrebko et Tézier. La voix est claire, très italienne, les aigus sont rayonnants, le legato est irréprochable et le chant ne se complaît dans aucune facilité. Mais son incarnation de Riccardo est un peu trop retenue pour donner de la profondeur à son personnage.

Elizabeth DeShong est une belle interprète d’Ulrica. La voix est riche, sombre. Le registre grave est bien adapté au rôle et elle incarne une Ulrica intense et crédible même si elle réussit moins à être inquiétante, le timbre sonnant trop charmant et insuffisamment maléfique.

Cassandre Berthon est plus décevante dans le rôle en travesti d'Oscar. Une projection limitée ne lui permet pas de faire exister Oscar dans les ensembles malgré une agilité réelle. Enfin, les petits rôles sont tous très bien tenus, qu’il s’agisse de Maurizio Bove, de Romano Dal Zovo, d’Adriano Gramigni, ou de Massimo Sirigu.

Au rideau, de longs applaudissements ont salué l’ensemble des interprètes, avec des ovations pour Anna Netrebko et, peut être plus encore, pour Ludovic Tézier.

Crédits photographiques : (c) Luciano Romano

 

Programme et distribution :

 

UN BALLO IN MASCHERA , opéra en trois actes de Giuseppe VERDI (1813-1901)

 

Livret en italien de Antonio Somma, d’après Scribe

Créé le 17 février 1859 à Rome (Teatro Apollo)

 

 

 

Riccardo :  Piero Pretti

Renato : Ludovic Tézier

Amelia : Anna Netrebko

Ulrica : Elizabeth DeShong

Oscar : Cassandre Berthon

Silvano : Maurizio Bove

Samuel : Romano Dal Zovo

Tom : Adriano Gramigni

Un Giudice / Un servo d’Amelia : Massimo Sirigu

 

Mise en scène et lumères : Massimo Pizzi Gasparon Contarini

Décors et costumes : Pierluigi Samaritani et Massimo Pizzi Gasparon Contarini

Chorégraphie : Gino Potente

 

Chœur du Teatro di San Carlo, chef des Chœurs : Fabrizio Cassi

Orchestre du Teatro di San Carlo

 

Direction musicale : Pinchas Steinberg

11 octobre 2025 – UN BALLO IN MASCHERA (Giuseppe VERDI) au Théâtre San Carlo de Naples.
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