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Operaphile

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Comptes rendus de spectacles lyriques... entre autres choses....


30 juin 2021 – La fille de Madame Angot (Charles Lecocq) au Théâtre des Champs-Elysées

Publié par Jean Luc sur 15 Juillet 2021, 15:29pm

 

 

Commande du théâtre des Fantaisies-Parisiennes de Bruxelles, l’opéra-bouffe de Lecocq est rapidement monté à Paris (aux Folies Dramatiques) où il fut joué … 411 fois consécutives avant d’aller rencontrer le succès dans la plupart des villes de France et à l’étranger. Mais ce succès éclatant et immédiat ne dura pas et, en dépit de quelques reprises ponctuelles, il ne passa pas à la postérité et sombra dans un relatif oubli.

Le Palazetto Bru Zane tente ci une résurrection, fidèle en cela à sa vocation de remise en valeur du patrimoine lyrique français du XIXème siècle. Toutefois, si la musique de Lecocq n’est pas inintéressante, l’intrigue reste très plate avec son argument placé sous un Directoire d’opérette et son humour bourgeois et lourdaud. Bref, malgré l’accueil chaleureux et les ovations du public, je doute que cette opération suffise à faire réinscrire l’œuvre au répertoire des grandes scènes. Peut être une mise en scène décoiffante serait elle nécessaire ? (Version de concert dans cette production)

L’orchestre de chambre de Paris, sous la baguette de Sébastien Rouland fait un beau travail avec des tempi vifs et des lignes pétillantes qui rappellent, sans hélas le faire oublier, le grand Offenbach dont l’étoile était pourtant très pâlissante en cette période qui faisait suite à la défaite de Sedan. A deux reprises, le chef inscrit dans la représentation des versions d’ensemble alternant version de Bruxelles et version de Paris : intéressant travail musicologique mais sans grand intérêt scénique. Le Chœur du Concert Spirituel est très présent et très précis et participe de la fête avec allant et engagement.

Une des difficultés de l’œuvre est de nécessiter un quatuor de grande qualité. Et franchement, il était difficile d’imaginer mieux de ce point de vue que la distribution réunie par cette production.

Anne-Catherine Gillet est une Clairette Angot intéressante, à la fois très distinguée et fort délurée. Les phrasés sont travaillés, la diction irréprochable et le timbre séduisant.  Ce choix qui s’éloigne de la facilité de la distribution du rôle à un soprano léger est vraiment une réussite. Véronique Gens semble heureuse d’échapper aux rôles hiératiques auxquels sa grande distinction et ses caractéristiques vocales la condamnent souvent. Sa voix se déploie avec aisance dans un rôle qui semble écrit pour elle, exploitant un bas medium d’une exceptionnelle qualité pour un soprano.

Artavazd Sargsyan est un Pomponnet benêt à souhait. La voix est légère et d’une grande homogénéité. La technique est sure et l’interprétation est irréprochable. Mais c’est Mathias Vidal qui m’a semblé dominer cette distribution : le timbre « barytonnant » de cet excellent ténor donne ce qu’i faut de cynisme à son Ange Pitou. La technique, formée au beau chant baroque fait des merveilles et est totalement maitrisée, de bout en bout d’un rôle exigeant.  Désinvolte à souhait, sa diction impeccable donne beaucoup de relief à son personnage.

Les seconds rôles sont aussi très bien distribués : Le Larivaudière de Matthieu Léotard est servi par une belle voix aux graves sonores, qui rend tout le ridicule et l’odieux de son personnage. Si la voix d’Ingrid Perruche est un peu trop dure dans l’aigu et perd facilement la maitrise du vibrato dans le medium, la chanteuse possède l’abattage et la technique pour rendre toute la gouaille de son personnage et sa diction nous rend parfaitement intelligibles les nombreux sous-entendus qui émaillent son texte. Antoine Philippot est un baryton au timbre élégant qui peine parfois de ce fait à rendre le grotesque de son personnage. Plus discrets, Flannan Obé (Trenitz) et David Witczak (Cadet, Un Incroyable, Un Officier) tiennent leur partie avec efficacité.

Avec un bis du chœur final, la représentation fut couronnée de succès et ce fut une très agréable soirée.

 

Programme et distribution :

 

Charles Lecocq (1832-1918)

La Fille de Madame Angot 

Opera comique en trois actes

Livret en français de Clairville, Paul Siraudin et Victor Konning

 

Créé au théâtre des Fantaisies Parisiennes de Bruxelles le 4 décembre 1872 puis aux Folies Dramatiques (Paris) le 21 février 1873

 

Clairette Angot : Anne-Catherine Gillet

Mademoiselle Lange : Véronique Gens

Pomponnet : Artavazd Sargsyan

Ange Pitou : Mathias Vidal

Larivaudière : Mathieu Lécroart

Amarante, Babette et Javote : Ingrid Perruche

Louchard : Antoine Philippot

Trenitz : Flannan Obé

Cadet : David Witczak

 

Orchestre de chambre de Paris

Chœur du Concert Spirituel

Direction musicale : Sébastien Rouland


credit photo : Jean Yves Grandin 

30 juin 2021 – La fille de Madame Angot (Charles Lecocq) au Théâtre des Champs-Elysées
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