Ce concert s’est terminé en véritable triomphe pour Michael Spyres mais le début de la soirée a été un peu décevant. D’emblée, Opera Fuoco sous la baguette de David Stern fait montre d’un bel enthousiasme et d’un grand dynamisme mais manque beaucoup de précision et connaitra des difficultés d’équilibre tout au long de la soirée, avec des vents, surtout les bois, souvent un peu problématiques.
Michael Spyres, qui semble en petite forme en début de concert peine à affronter le déferlement sonore qu’impose David Stern. Si la gestion du souffle dans « Fuor del Mar » est irréprochable, les redoutables vocalises sont souvent un peu imprécises. L’air de Licinius (La Vestale) est rendu sans panache, en grande partie d’ailleurs à cause d’un orchestre tonitruant et conduit sans nuance. Il en est de même pour un Othello bien peu caractérisé et confronté lui aussi à un orchestre bruyant et brouillon. C’est avec l’air de Tonio que Michael Spyres reprend la main, avec une diction française parfaite et des contre ut lumineux, libérés et enchaînés avec panache.
Cette libération se retrouve et se confirme dans la seconde partie du concert qui s’ouvre sur le Figaro « surinterprété » aux effets nombreux, très diversifiés, travaillés avec soin et servis avec une incroyable générosité. Le Comte Almaviva qui suit est tout simplement parfait. J’ai moins aimé l’interprétation du Comte di Luna, affecté d’un vibrato un peu lourd, étrange et inhabituel chez Spyres.
Avec Danilo, Michael Spyres reprend un répertoire léger et joyeux, émaillé d’aimables pitreries vocales, mais parfaitement illustratif de l’opérette viennoise. Et pour conclure un Kleinzach d’anthologie, très engagé, à la diction impeccable, et dans lequel le plaisir d’interprétation de l’artiste est évident.
En bis, un magistral Postillon de Longjumeau, contre-ré évidemment inclus, suivi d’une « Donna e mobile » lumineuse et superbement interprétée. Et pour conclure une reprise époustouflante de La Fille du Régiment, avec la compagnie de Lawrence Brownlee et Rene Barbera qui rejoignent Spyres sur scène pour un superbe concours de contre-ut.
Ce serait une erreur de réduire Michael Spyres au phénomène vocal qu’il met en avant, exposant à plaisir sa tessiture exceptionnelle. En effet, la voix est aussi d’une robustesse remarquable et l’artiste est capable en quelques instants de changer de tessiture, de couleurs et de style avec un égal bonheur. L’engagement est important dans tous les airs choisis et le souci de l’interprétation et de la caractérisation est vraiment omniprésent.
Crédits photographiques : © Jean-Yves Grandin
Programme et distribution :
Baritenor
Michael Spyres, ténor
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), Idomeneo (1781)
- Ouverture
- Air d’Idomeneo « Fuor del mar »
Gaspare Spontini (1774-1851), La Vestale (1807)
- Air de Licinius « Qu’ai-je vu ! Quels apprêts »
Gioachino Rossini (1792-1868), Otello (1816)
- Air d’Otello « Ah! Sì per voi già sento »
Giovanni Simone Mayr (1763-1845), L’amor conjugale (1805)
- Ouverture
Gaetano Donizetti (1797-1848), La Fille du régiment (1840)
- Air de Tonio « Ah ! Mes amis... »
Gioachino Rossini, Il barbiere di Siviglia (1816)
- Air de Figaro « Largo al factotum »
- Ouverture
Wolfgang Amadeus Mozart, Le nozze di Figaro (1787)
- Air du Comte Almaviva, « Hai gia vinta la causa »
- Ouverture
Giuseppe Verdi (1813-1901), Il Trovatore (1853)
- Air de Luna « Tutto è deserto... Il balen del suo sorriso »
Franz Lehár (1870-1948), La Veuve Joyeuse (1905)
- Air de Danilo « O Vaterland... Da geh’ ich zu Maxim »
Jacques Offenbach (1819-1880), Les Contes d’Hoffmann (1881)
- Air d’Hoffmann « Va pour Kleinzach »
Bis :
Adolphe Adam (1803-1856), Le Postillon de Lonjumeau (1836)
- Air de Chapelou « Mes amis, écoutez l'histoire »
Giuseppe Verdi, Rigoletto (1851)
- Air du Duc « La donna è mobile »
Gaetano Donizetti, La Fille du régiment
- Air de Tonio « Ah ! Mes amis... », avec Lawrence Brownlee et René Barbera.