Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Operaphile

Operaphile

Comptes rendus de spectacles lyriques... entre autres choses....


18 février 2019 - Concert Katherine Watson & Jakub Józef Orliński au Théâtre des Champs Elysées

Publié par Jean Luc sur 23 Février 2019, 18:09pm

Catégories : #Concert, #Concert contre tenor, #Concert soprano, #Musique sacrée

.

 

Katherine Watson, annoncée souffrante, renoncera à l’aria extraite du Trionfo del tempo e del disinganno (Tu del ciel ministro eletto) initialement programmé en première partie. De fait son Salve Regina est marqué par une évidente prudence qui évite de trop engager un timbre qui semble comme pincé, un peu acide et par une projection excessivement maîtrisée. Les vocalises sont un peu ralenties et alanguies. Peu à peu toutefois, la chanteuse libère ses capacités et donne quelques très beaux moments élégiaques, d’une douceur somptueuse. Mais l’impression d’ensemble reste celle d’une grande fragilité de la voix ce soir.

 

C’est donc à Jakub Józef Orliński que revient de faire le show, avec trois morceaux en première partie. Et il s’y adonne avec un plaisir évident. Par rapport au concert donné salle Gaveau en janvier 2018 qui m’avait laissé sur ma faim (lire Ici), l’artiste a gagné en maturité. Le timbre d’alto est resté aussi beau, le grain en est toujours léger, très clair et la projection est restée libre et précise et a beaucoup gagné en sonorité m’a t’il semblé. La voie a gagné en beauté et en projection dans l’aigü, même si c’est peut être au prix d’un bas médium un peu détimbré. L’articulation est désormais très précise et la ligne mélodique d’une parfaite élégance. Le respect des trois partitions qu’il interprète en première partie est remarquable, qu’il s’agisse du Donec ponam inimicos fuos aux superbes pianissimi, et très expressif, de la cantate de Fago dont le caractère sacré est superbement rendu ou de l’air de St Pierre très enlevé et interprété en restituant à la fois la vivacité et le chagrin, dans une impeccable virtuosité.

 

Tout au long de cette première partie, et dès le concerto grosso qui ouvre le concert, Le Concert de la Loge est exceptionnel, accompagnant avec soin ses interprètes, et nous offrant des moments d’une exquise douceur, avec une précision remarquable et un enthousiasme intact.

 

Le Stabat Mater de Pergolèse a été écrit en 1736, deux mois avant la mort, à 26 ans, du compositeur. L’interprétation de cette partition celebrissime, écrite pour deux voix (soprano et alto), violons, altos et basse continue, est toujours périlleuse, à raison même du succès de l’œuvre et de la simplicité de ses moyens. Le piège est de s’abandonner à une virtuosité ici hors de propos et de savoir privilégier finesse et simplicité pour exprimer tout ce que la partition comporte de douleur et d’apaisement mêlés. Et, en toute franchise, Katherine Watson et Jakub Józef Orlinski font là un sans faute. La complicité des deux interprètes est parfaite. La belle harmonie des timbres et de la compréhension de la partition restitue à merveille les délicates couleurs et l’expressivité retenue de l’œuvre dès le Stabat mater dolorosa introductif. De même le O quam tristis et le Quando corpus morietur sont marqués par la grâce.

 

A l’évidence rassurée, Katherine Watson est beaucoup plus à son aise. Si elle semble rester prudente sur la puissance sonore, elle donne toute sa mesure dans les passages sotto voce dans lesquels, servie par son timbre exceptionnel et léger, elle exprime l’humanité dévastée de la mère éplorée. Dans le prolongement de sa première partie, Jakub Józef Orliński est tout en virtuosité maîtrisée, en expressivité retenue.

 

Cette interprétation du Stabat Mater a ainsi été superbe. Elle aurait pu être inoubliable si Julien Chauvin n’avait fait le curieux choix de tempi accélérés sur certains numeros, en décalage avec l’esprit même de l’œuvre et plus encore avec la délicate lecture qu’en faisaient les deux chanteurs. D’autant plus dommage que les qualités du Concert de la Loge sont par ailleurs parfaitement adaptées à cette œuvre sacrée, comme en a témoigné par exemple le Quando corpus morietur final.

 

Devant un public enthousiaste, ce duo final du Stabat Mater constituera le premier bis de ce concert, parfaitement exécuté à nouveau.

 

Le second bis sera pour Orliński (en solo) l’occasion de nous offrir le "Vedro con mio diletto", aria de bravoure (extrait d’Il Giustino de Vivaldi) qui l’a fait connaître et qui sera interprété, en plein contraste avec le reste du concert, avec une débauche d’effets et de sentiments, témoignant de la très grande maîtrise de l’interprète.

 

 

Programme et distribution : 

Georg Friedrich Haendel (1685-1759)

Concerto grosso op.6 n°6 en sol mineur : Larghetto e affectuoso

Salve Regina (Watson)

 

Domènec Terradellas (1713-1751)

Dixit dominus en sol majeur : Donec ponam inimicos fuos (Orliński)

 

Nicola Fago (1677-1745)

Tam non splendet sol creatus en fa majeur (Orliński)

 

Johann Adolph Hasse (1699-1783)

Sanctus Petrus et Sancta Maria Magdalena : Mea tormenta, prosperate !(Orliński)

 

Giovanni Battista Pergolesi (1710-1736)

Stabat Mater en fa mineur (Watson & Orliński)

 

Bis :

Quando corpus Morietur Extrait du Stabat Mater de Pergolèse (Watson & Orliński)

Vedro con mio diletto extrait d’Il Giustino de Vivaldi (Orliński).

 

 

Katherine Watson, soprano

Jakub Józef Orliński, contre-ténor

 

Le Concert de la Loge, direction  (et violon) Julien Chauvin

 

 

 Crédits photos (c) : Jean-Yves Grandin (Grand merci à lui)

18 février 2019 - Concert Katherine Watson & Jakub Józef Orliński au Théâtre des Champs Elysées
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents