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Operaphile

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Comptes rendus de spectacles lyriques... entre autres choses....


18 décembre 2013 - La Favorite (Donizetti) - TCE.

Publié par Jean- Luc sur 19 Décembre 2013, 06:19am

Catégories : #Opera version concert

Soirée toute en contrastes. On sait que ce grand opéra a la française est un monument à l'intrigue fort désuète. Dire que Donizetti n'est pas un roi de l'orchestration est aussi une évidence. Enfin, une évidence sauf pour le chef Jacques Lacombe qui décide de mettre l'orchestre au 1er rang, au détriment des chanteurs. Et on se retrouve avec une lecture tonitruante, dénuée de tout intérêt ( sauf le bruit, énorme il est vrai). Ajoutons un orchestre peu concerné et un chœur à la diction imprécise (bien dommage dans un opéra français pour un chœur francophone) et on obtient une soupe de laquelle n'émergent que le triangle et la grosse caisse... Bref l'absence totale de finesse de Lacombe ira jusqu'à massacrer les superbes ensembles finaux des actes II et III. Évidemment, cette pratique de la direction pousse les malheureux chanteurs à privilégier le volume sur l'expression. L'Alphonse XI de Jean François Lapointe n'y survit pas. Certes, on peut déceler une belle puissance, une projection remarquable, une voix ronde mais au final, confronté au déferlement de l'orchestre, aucune émotion ne transparaît de ce personnage pourtant intéressant et complexe. Idem des seconds rôles de Alain Gabriel et de Julia Novikova qui semblent obnubilés (on les comprend) par le souci d'être entendus...
Dans Balthazar, Nicolas Cavalier, est beaucoup plus convaincant. Lui s'attache à sa ligne de chant, cherche a incarner le détachement religieux face aux tentations charnelles de Fernand. Et le duo qu'il compose sur ce point avec Florez (en particulier aux actes I et IV) est bouleversant : graves maîtrisés et posés contre aigus enflammés. Et à l'acte IV, le chef, enfin inspiré va réussir à respecter - un peu- son plateau...
J'adore Béatrice Uria Monzon qui m'avait un peu déçu dans La Vestale mais qui retrouve ici son meilleur niveau. Elle vibre avec son personnage, la voix est somptueuse, la vaillance indéniable.... Elle se confronte à l'orchestre avec succès, ne négligeant jamais la caractérisation dramatique de son personnage. Elle est superbe de bout en bout.
Reste Juan Diego Florez... Un peu plus respecté par le chef que ses partenaires (tiens, tiens), il n'en demeure pas moins qu'il est fascinant et domine totalement la distribution. Dés son 1er air, il offre un 1er contre ut à une salle immédiatement conquise et qui va l'ovationner a chaque air. Succès mérité tant la vaillance est physique, charnelle. Les sur aigus ont encore gagné en rondeur et en aisance, le legato et le sens des cadences belcantistes sont intacts et sa composition est impeccable. Impeccable aussi sa diction française qui peut en remontrer à de nombreux chanteurs francophones. Bref, sans le chef, cette soirée aurait pu être mémorable.
Pour finir, et pour être franc, signaler que le public a ovationné le spectacle ne semblant pas partager mes réserves....


18 décembre 2013 - La Favorite (Donizetti) - TCE.
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