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Operaphile

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Comptes rendus de spectacles lyriques... entre autres choses....


19 mai 2021 – Concert Pretty Yende – Benjamin Bernheim au Théâtre des Champs Elysées.

Publié par Jean Luc sur 21 Mai 2021, 11:40am

Catégories : #Concert, #Concert lyrique, #Concert soprano, #Récital ténor

Ce concert, programmé de longue date ce 19 mai, tient lieu de concert de réouverture du théâtre des Champs Elysées, en présence de Roselyne Bachelot. Jauge stricte qui clairseme un peu un public masqué et très visiblement heureux de retrouver la salle. Longue allocution, applaudie à de nombreuses reprises, du directeur de la salle, qui ne cache ni son plaisir ni son émotion.

Le programme de ce concert est une accumulation de « musts » de l’opéra romantique. C’est Pretty Yende qui ouvre le bal dans une éblouissante et un peu trop longue robe « rose poudré » ( ?) constellée de brillants.

L’air des bijoux qui débute le concert de manière un peu culottée, est exécuté avec une grande maitrise mais abordé sur un tempo lent qui le prive de son brillant. De plus Pretty Yende attaque les aigus par « en dessous » et le tempo choisi souligne les limites esthétiques de cette technique. Dès son 1er air, Benjamin Bernheim fait montre d’une très grande maitrise et de qualités d’interprétation et de diction tout à fait remarquables. Le tempo trop lent, ici également, souligne en revanche la longueur de souffle et la technique du ténor et contribue à l’émotion qu’il dispense.

Sur ces deux premiers airs, l’orchestre de chambre de Paris est un peu mou, les sonorités mal assurées et les équilibres avec les deux chanteurs parfois un peu périlleux. La Valse de Faust confirme ces défauts de façon désagréable, avec une interprétation bruyante et dénuée de subtilité, en dépit d’une gestique grandiloquente du chef. Heureusement, et de façon étrange, ces défauts disparaissent complètent dans la suite du programme dans laquelle Sascha Goetzel parvient à pousser l’orchestre à se dépasser, notamment dans le bel intermezzo de Cavalleria, assure des sonorités au couleurs délicates et équilibre parfaitement les pupitres entre eux et avec les interprètes.

Il m’a rarement été donné d’entendre une « Furtiva lagrima » aussi emplie d’émotion et d’une telle beauté. Le timbre est solaire, sait se faire caresse ou tristesse. Dans Lucia, Pretty Yende est également souveraine, avec ce timbre chaud et vibrant, très uni et cette technique qui colore et nuance à l’infini le champ ; du grand bel canto, même si les aigus sont trop attaqués « en dessous ». Dans le duo de Lucia qui suit, c’est Bernheim qui met une tension dramatique exceptionnelle et qui emporte l’ensemble de l’orchestre derrière lui.  Un moment proprement magique.

Après l’intermezzo, Pretty Yende reprend avec Traviata et un « Sempre libera » absolument impeccable. Là les attaques deviennent d’une redoutable précision, comme si l’interprète était enfin libérée. Les « Follie » sont modulés et font transparaitre une anxiété contenue. A l’évidence Pretty Yende investit parfaitement ce personnage.

Benjamin Bernheim s’empare ensuite du « Lève toi soleil » de Roméo, dans lequel il se montre un peu moins à l’aise : le chant est toujours impeccable et la diction remarquable mais le personnage est moins incarné et les aigus sont un peu trop passés en force.

Le duo qui suit, et qui conclut le programme, est l’occasion pour les deux interprètes de s’amuser un peu et de nous amuser beaucoup. C’est charmant, comme sera brillant le Brindisi donné en bis pour conclure ce programme exigeant.

Cette soirée de retrouvailles avec le spectacle vivant a donc été une grande réussite, avec deux interprètes exceptionnels et en pleine possession de leurs moyens vocaux et techniques. Mais au final, c’est Benjamin Bernheim qui m’a le plus touché, son investissement dans la caractérisation de ces personnages lui permettant de porter une émotion vibrante, servie par une voix remarquable.

PROGRAMME & DISTRIBUTION :

Pretty Yende, soprano

Benjamin Bernheim, ténor

Orchestre de chambre de Paris

Direction : Sascha Goetzel

 

Charles Gounod (1818-1893)

 « O Dieu, que de bijoux », air extrait de Faust

« Quel trouble Inconnu… Salut ! demeure », air extrait de Faust

Valse de Faust, pièce orchestrale       

Gaetano Donizetti (1797-1848)

« Una furtiva lagrima », air extrait de L’Elisir d’amore

« Regnava nel silenzio... Quando rapito in estasi », air extrait de Lucia di Lammermoor

« Lucia perdona... Verranno a te sull’aure », duo extrait de Lucia di Lammermoor

Pietro Mascagni (1863-1945)

 Cavalleria Rusticana Intermezzo                   

Giuseppe Verdi (1813-1901)

 « È strano... Ah! fors’è lui... Sempre libera », air extrait de La Traviata

Charles Gounod (1818-1893)

« L’amour... Ah ! Lève-toi, soleil...», air extrait de Roméo et Juliette

« De grâce, demeurez... Ange adorable...» (Madrigal), duo extrait de Roméo et Juliette

BIS :

Le Brindisi de La Traviata (Verdi)

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