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Operaphile

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Comptes rendus de spectacles lyriques... entre autres choses....


22 mai 2018 - Orphée & Eurydice (Gluck) au Theatre des Champs Elysées.

Publié par Jean Luc sur 27 Mai 2018, 17:12pm

Catégories : #Opera mis en scene

 

Disons-le d’emblée, cette production est décevante et n’est pas du tout à la hauteur des promesses de l’affiche, même si le public lui a fait un grand succès. Et ce n’est pas uniquement parce que ma préférence va à la version de 1774 écrite pour Paris plutôt qu’à la première version de 1762 écrite pour Vienne. 

 

La première déception, et elle est de taille, tient à la mise en scène de Robert Carsen, totalement prosaïque et figée, négligeant le texte (on cherche encore le Styx qui devait probablement couler au fond de la tombe d’Eurydice...), alignant des poncifs aussi ennuyeux que naïfs (les cercles formés par le choeur ou les références lourdingues aux quatre éléments, par exemple). Bref, ce travail n’apporte rien au spectacle, ne le soutient en rien, ne lui apporte aucune grille de lecture, et dirige d’un peu loin ces interprètes (notamment Jaroussky qui nous déploie un désespoir de veuf, très bourgeois, très XIXeme...). Certes, on retiendra quelques belles images mais celles-ci tiennent pour l’essentiel aux belles lumières de Peter Van Praet. 

 

A la tête de I Barocchisti, Diego Fasolis est également en deçà de ce à quoi il nous a habitué. En dépit de ces efforts, l’ensemble manque d’énergie, les couleurs sont fades, la basse continue est pesante et envahissante ; il y a en outre de nombreux problèmes de justesse et de nombreux décalages avec le plateau et notamment les chœurs. Cette interprétation reste ainsi peu enthousiasmante, allant jusqu’à manquer le pourtant impressionnant dialogue avec les monstres des Enfers, dialogue qui ressemble à un aimable divertissement. Où est donc passée la réforme de l’Opera à laquelle Gluck a procédé et dont cette version précisément signe l’origine ?

 

L’Orphée de Philippe Jaroussky est quelque peu rigide. Si la projection est impeccable, et si la voix est puissante, les graves sont parfois un peu hésitants et surtout parfois un peu approximatifs. Surtout, je n’arrive pas à y croire, à être emporté par l’émotion que ce rôle comporte dans chacune de ces notes. Un peu comme si Jaroussky ne parvenait pas à rentrer dans cet Orphée émasculé et trop épuré par le travail de Carsen et de Fasolis. Il faut dire qu’il n’y est pas aidé non plus par une Patricia Petitbon qui se caricature elle même, excès de pathos romantique anachronique : il n’y a plus Euridice, en dépit de la drastique réduction du rôle à laquelle Carsen a procédé mais pointe de-ci de-là, une Violetta, une Mimi.... déroutant.

 

Dieu merci, le choeur de Radio France, dirigé par Joël Suhubiette, est superbe de style, parfaitement dans l’œuvre et dans l’époque. Vu l’importance de sa partie, le Choeur contribue ainsi au sauvetage de cette soirée, malgré quelques déséquilibres des pupitres. Tout comme Emőke Baráth (l’Amour) dont le beau timbre, le très séduisant medium, impeccablement projeté, et les qualités d’actrice font merveille. 

 

Programme et distribution :

 

Christoph Willibald Gluck (1714-1787)

Orfeo ed Euridice

Opera en trois actes (version Vienne 1762)

Livret en italien de Raniero de´ Calzabigi

Créé à Vienne au Burgtheater le 5 octobre 1762

  

Mise en scène : Robert Carsen

Scénographie et costumes : Tobias Hoheisel

Lumières : Peter Van Praet

 

Orfeo : Philippe Jaroussky

Euridice : Patricia Petitbon

Amore : Emöke Baráth

 

Choeur de Radio France, direction Joël Suhubiette

Orchestre I Barocchisti, direction Diego Fasolis

 

Photo : © Vincent Pontet

 

22 mai 2018 - Orphée & Eurydice (Gluck) au Theatre des Champs Elysées.
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